Ce 1er juin, Tiktok a supprimé le hashtag #SkinnyTok. Derrière cette appellation se cache un phénomène qui glorifie la maigreur extrême, au détriment de la santé mentale et physique des ses utilisateurs.

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#SkinnyTok : le hashtag pro-maigreur désormais interdit sur TikTok

Ce 1er juin, Tiktok a supprimé le hashtag #SkinnyTok de sa plateforme. Derrière cette appellation se cache un phénomène qui glorifie la maigreur extrême, au détriment de la santé mentale et physique de ses utilisateurs. Cette décision intervient à la veille du lancement de la Semaine de sensibilisation aux troubles des conduites alimentaires qui se tient du 2 au 8 juin 2025.

#SkinnyTok, c’est fini. Ce 1er juin, le réseau social TikTok a annoncé avoir retiré de sa plateforme le hashtag #SkinnyTok (du mot skinny qui signifie maigre en anglais) associé aux vidéos faisant la promotion de la maigreur et de la restriction alimentaire. « Une première victoire collective », salue la ministre déléguée à l’Intelligence artificielle et au numérique, Clara Chappaz, sur le réseau social X.

#SkinnyTok, la tendance dangereuse qui glorifie la maigreur

Ces derniers mois, les vidéos faisant la promotion de la maigreur et des restrictions alimentaires drastiques se sont multipliées sur le réseau social TikTok. Un phénomène grandissant qui inquiète au plus haut point. Dans un communiqué de presse en date du 6 mai, la Fédération française anorexie boulimie (FFAB) alertait déjà sur cette tendance alarmante. « Une simple recherche suffit pour tomber sur des milliers de publications valorisant la restriction calorique, la culpabilisation après avoir mangé, ou la glorification de la maigreur », dénonce-t-elle. Les messages de ces vidéos se veulent motivants, mais véhiculent en réalité un discours dévalorisant et dangereux.

Les algorithmes de TikTok en ligne de mire

Les vidéos #SkinnyTok banalisent les régimes extrêmes à moins de 800 kcal/jour. Elles valorisent la faim, le surentraînement physique et l’exclusion de certains aliments. Leurs auteurs usent d’une esthétique léchée, visant à glamouriser la maigreur extrême. Un message d’autant plus inquiétant qu’il se répète. En effet, les adolescents, principale cible de ces vidéos, se retrouvent happés dans une spirale de l’algorithme. « Comme dans le suicide mimétique, la répétition des images et discours autour de la maigreur peut entraîner une contagion des comportements à risque », alerte la FFAB (lire aussi notre article). Et cela fonctionne, puisque certaines vidéos dépassent même les millions de vues.

Des conséquences graves pour la santé des adolescents

La FFAB considère que le #SkinnyTok est un facteur aggravant des troubles du comportement alimentaire. Elle dénonce les conséquences très concrètes de cette tendance sur la santé des adolescents. « Les restrictions alimentaires drastiques peuvent entraîner une dénutrition aiguë, des troubles électrolytiques (hypokaliémie) et cardiaques avec un risque vital, un retard de croissance ou de puberté », alerte-t-elle. Elle provoque aussi des carences, fragilise le système osseux, et a des répercussions sur la perte de concentration et le manque d’énergie.

Sur le plan psychique, les dégâts sont aussi profonds : perte d’estime de soi, anxiété, dépression, idées suicidaires. Selon la plateforme StopTCA.fr, « Les troubles du comportement alimentaire sont la deuxième cause de mortalité prématurée chez les 14-24 ans en France (juste derrière les accidents de la route) ».

Réguler, éduquer, prévenir : des mesures urgentes

Face à l’ampleur du phénomène, la Fédération française anorexie boulimie veut aller plus loin que la simple suppression du hashtag. Elle prône, d’abord, une réglementation stricte de l’accès aux contenus nocifs pour les mineurs sur les réseaux sociaux (modération, signalements, limites d’accès aux contenus nocifs…). Ensuite, elle demande le renforcement de l’éducation au numérique auprès d’enfants et des adolescents. Enfin, elle recommande une prévention globale des troubles des conduites alimentaires (TCA). Pour la FFAB, ces actions s’intègrent dans la stratégie de grande cause nationale « Santé mentale » pour 2025. D’autant plus dans un contexte où la santé mentale des jeunes se dégrade (lire aussi notre article).

Une semaine pour sensibiliser aux TCA

Anorexie, boulimie, hyperphagie… environ 900 000 personnes souffrent de TCA en France. Ils regroupent des obsessions liées à la nourriture, au poids et à l’apparence et affectent la santé physique et psychique des personnes atteintes

Pour sensibiliser à ces troubles, la FFAB participe du 2 au 8 juin à la Semaine de sensibilisation aux troubles des conduites. Pour cette cinquième édition, elle a choisi de mettre l’accent sur leurs impacts au sein de la famille. Une manière aussi de rappeler que ces pathologies ne touchent pas que les jeunes, mais déstabilisent aussi les proches.