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La dénervation rénale, une solution contre l’hypertension

Traitement récent de l’hypertension artérielle, la dénervation rénale permet une baisse durable de la tension. Cette technique est désormais intégrée dans les recommandations européennes* et françaises** comme un moyen de contrôler une tension élevée malgré les traitements. Or, c’est le cas de plus d’une personne hypertendue sur deux en France.  

Environ 17 millions d’adultes français*** sont concernés par l’hypertension artérielle (HTA). La maladie reste souvent mal contrôlée. En cause : des traitements mal suivis par certains patients ainsi que des ajustements trop tardifs ou insuffisants de la part des soignants. C’est dans ce contexte qu’est apparue la dénervation rénale, il y a une quinzaine d’années. Cette technique de neuromodulation est réalisée en introduisant une sonde de radiofréquence ou d’ultrasons à l’intérieur des vaisseaux. Elle vise à détruire les fibres nerveuses sympathiques situées autour des artères rénales. En effet, l’HTA est souvent liée à une hyperactivité du système nerveux sympathique, qui régule les fonctions involontaires de l’organisme (la fréquence cardiaque, la respiration, la digestion, etc.). Il est particulièrement actif en situation de stress ou d’effort, car il prépare l’organisme à réagir : accélération du cœur, élévation de la pression artérielle, dilatation des bronches, libération de glucose par le foie… Chez certaines personnes hypertendues, ce système est trop actif en permanence, ce qui contribue à maintenir une pression artérielle élevée. C’est cette suractivité que la dénervation rénale cherche à atténuer, en détruisant les fibres nerveuses qui relient les reins au système nerveux sympathique.

Les études réalisées avec des cathéters de 2e génération (par ultrasons ou par radiofréquence) ont confirmé l’intérêt de cette intervention pour réduire de manière significative la pression artérielle à court, moyen et long terme, ce qui a conduit plusieurs sociétés européennes et françaises de cardiologie et d’hypertension à les recommander, il y a quelques mois. La baisse de la pression artérielle se situe autour de 8 à 10 mmHg pour la pression systolique et de 4 à 5 mmHg pour la pression diastolique en consultation. Ces résultats ont été démontrés chez des patients souffrant d’hypertension modérée ou résistante aux traitements. Et ceci de manière durable, avec un recul de plusieurs années.

Une technique très encadrée  

Ainsi, dans les recommandations, la dénervation rénale par radiofréquence ou ultrasons est indiquée pour les patients souffrant d’hypertension non contrôlée (pour une pression artérielle systolique / diastolique ≥ 140/90 mmHg en cabinet, confirmée par des mesures ambulatoires ou à domicile), malgré une utilisation d’au minimum trois médicaments antihypertenseurs à doses maximales tolérées. L’indication peut également être discutée pour les patients mal contrôlés, ayant une observance très faible, une intolérance ou des effets secondaires aux médicaments antihypertenseurs. La procédure est très encadrée, comme stipulé dans les textes. La prise en charge doit être assurée par une équipe multidisciplinaire, au sein d’un centre expert. L’intervention est réalisée par un spécialiste en intervention endovasculaire, formé aux procédures sur les artères rénales et à la dénervation rénale. Par ailleurs, afin d’avoir du recul sur l’efficacité et la sécurité de toute la procédure, tous les patients traités doivent être inscrits dans le registre national France-RDN.

Hélène Joubert


*J Hypertens. 2024 Jan 1 ; 42(1):194

**Arch Cardiovasc Dis. 2024 Oct ; 117(10):601-611

*** Chiffres clés de l’hypertension artérielle en France. Santé publique France (16 mai 2023)