Démographie des professionnels de santé : quelles évolutions ?
En 2025, la démographie des professionnels de santé, que sont les pharmaciens, les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes et les pédicures-podologues, continue d’augmenter. Les métiers se féminisent, rajeunissent, et les modes d’exercice changent.
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) vient de publier des données sur la démographie des professionnels de santé au 1er janvier 2025. Après s’être intéressée aux médecins (lire notre article), elle s’est cette fois-ci attardée sur la démographie des pharmaciens, des chirurgiens-dentistes, des sages-femmes et des pédicures-podologues. Globalement, leur nombre est en augmentation, mais d’autres évolutions se font jour grâce à cette étude. On fait le point pour chaque profession.
Un retour à l’équilibre du nombre de pharmaciens
Au 1er janvier 2025, la France compte 74 600 pharmaciens en activité, un niveau semblable à celui de 2012. Pourtant, cette apparente stabilité cache en réalité des changements importants. Les effectifs de la profession ont, en effet, été en hausse jusqu’en 2016. S’en est suivi un déclin, lié aux départs massifs à la retraite, jusqu’au début de l’année 2023. Cette situation s’explique en partie par les ajustements du numerus clausus. Ce dernier a effectivement été relevé au milieu des années 2000, puis maintenu jusqu’en 2020.
De plus, les femmes représentent désormais les deux tiers des pharmaciens. La moyenne d’âge de la profession s’établit quant à elle à 46,3 ans.
Mais c’est surtout la montée en puissance du salariat qui marque un tournant. Ainsi, 63 % des pharmaciens sont aujourd’hui salariés, contre 56 % en 2012. À l’hôpital public, leur nombre est passé de 6 200 en 2012 à 8 000 aujourd’hui. Et parmi les 67 % de pharmaciens d’officine, seuls 49 % sont libéraux (contre 56 % en 2012).
Cette tendance diffère par ailleurs selon le genre : 70 % des pharmaciennes sont salariées là où ce n’est le cas que de 49 % des pharmaciens. Même chose en officine : les hommes restent majoritairement libéraux (68 %), tandis que les femmes optent plus souvent pour le salariat (59 %).
La profession de chirurgien-dentiste en pleine mutation
Avec 47 600 chirurgiens-dentistes en activité, la profession affiche une croissance de 17,7 % depuis 2012. « Cette augmentation est plus marquée depuis 2019 (+ 2,1 % par an en moyenne, contre + 0,6 % entre 2012 et 2019), précise la Drees. Elle est particulièrement forte entre les 1er janvier 2024 et 2025 (+ 4,1 %), en écho au relèvement du numerus clausus intervenu depuis le milieu des années 2000 jusqu’en 2020. » L’âge moyen est passé de 48,4 ans en 2012 à 44,3 ans aujourd’hui.
« Majoritairement masculines, les générations qui ont pris leur retraite depuis 2012 ont été remplacées par des promotions plus équilibrées en termes de genre, puis majoritairement féminines », ajoutent les rédacteurs de l’étude. Les femmes représentent désormais la moitié des effectifs, contre 39 % en 2012.
Si 74 % des chirurgiens-dentistes exercent encore en libéral, cette proportion recule au profit de l’exercice mixte (8 %) ou salarié (18 %). Les jeunes professionnels sont particulièrement concernés. Ainsi, 36 % des moins de 35 ans optent pour le salariat ou un exercice mixte, contre 18 % en 2012.
Autre tendance forte : le cabinet individuel n’est plus la norme. En 2025, 59 % des chirurgiens-dentistes travaillent en groupe (46 % en 2012). Ils sont 16 % à exercer en centre de santé (7 % en 2012 toujours). Ces derniers en particulier voient le nombre de salariés tripler, passant de 2 800 à 7 600 en treize ans.
L’essor de la démographie des sages-femmes
En 2025, 25 800 sages-femmes sont recensées. Ce nombre marque une progression de 31,8 % depuis 2012. Là encore, la hausse du numerus clausus entre les années 2000 et 2020 a joué un rôle important. De plus, l’arrivée de professionnelles diplômées à l’étranger a également participé à cette évolution.
La profession demeure majoritairement féminine (97 %). Elle est aussi « relativement jeune » avec une moyenne d’âge de 40,9 ans. Les sages-femmes exercent le plus souvent à l’hôpital (54 %). Mais, 26 % choisissent désormais le libéral (contre 15 % en 2012), et 10 % un exercice mixte (contre 5 %). Parmi les libérales, 53 % travaillent en cabinet individuel.
Le nombre de pédicures-podologues continue d’augmenter
Avec 14 400 professionnels, les pédicures-podologues voient leurs effectifs progresser de 8,5 % par rapport à 2018. C’est d’ailleurs depuis cette date qu’ils sont comptabilisés au sein du répertoire partagé des professionnels intervenant dans le système de santé (RPPS) qu’a étudié la Drees. Auparavant, ils apparaissaient dans le répertoire Adeli (pour « Automatisation DEs LIstes »), qui est progressivement remplacé.
« La profession est très féminine (66 %) et jeune », constatent les auteurs de l’étude. L’âge moyen est, en effet, de 41,4 ans. Enfin, 97 % des pédicures-podologues exercent en libéral, principalement en cabinet individuel (84 %).
La démographie de tous ces professionnels de santé connaît des évolutions similaires. Leurs effectifs progressent ces dernières années. En parallèle, la féminisation, le rajeunissement, la montée du salariat et le déclin du cabinet individuel dessinent de nouvelles tendances dont il faudra tenir compte pour améliorer l’accès aux soins pour tous.