L’AP-HP accueille son premier chien d’assistance judiciaire

À l’hôpital Jean-Verdier de Bondy (Seine-Saint-Denis), l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris vient d’accueillir son premier chien d’assistance judiciaire. Sa mission : apaiser les victimes de violences, souvent mineures, lors de moments particulièrement difficiles.

L’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) vient de faire un grand pas dans l’accompagnement des victimes de violences. Un chien a officiellement intégré l’unité médico-judiciaire (UMJ) de l’hôpital Jean-Verdier de Bondy, en Seine-Saint-Denis. Dénommé Util, ce labrador âgé deux ans est ainsi le premier chien d’assistance judiciaire de l’AP-HP.

Formé par l’association Handi’chiens, il apparaît comme un véritable allié pour les victimes de violences, généralement mineures (lire aussi notre article). Il les aide à traverser les épreuves des examens médicaux et les entretiens.

Le chien d’assistance judiciaire : une présence qui libère la parole

La présence bienveillante d’Util transforme l’atmosphère d’un service souvent marqué par la tension et la douleur. « Grâce à lui, j’ai réussi à parler, à dire ce qui était enfoui en moi, confie alors une victime prise en charge à l’UMJ, selon un communiqué de l’AP-HP. Il m’a apaisée, rassurée sans un mot mais avec tant de douceur. Il m’a aidé à franchir une étape difficile ».

Pour les soignants, aussi, l’impact d’Util est visible. « Il apporte sourires, rires et réconfort, se félicite Laëtitia Lasne, cheffe de service de l’UMJ dans une autre publication. C’est un véritable soutien ».

Au sein de ce dispositif, le bien-être de l’animal est bien sûr pris en compte. La relation étant basée sur un respect mutuel entre le chien et la victime.

Des victimes mieux prises en compte

Pour l’AP-HP, il s’agit d’un pas supplémentaire dans l’humanisation des soins et l’innovation en matière d’accompagnement médico-judiciaire. En Seine-Saint-Denis, département particulièrement confronté aux violences intrafamiliales et conjugales, l’arrivée d’Util incarne une nouvelle manière de concevoir la santé. L’animal est ici un partenaire privilégié, apportant de la chaleur dans l’expertise médicale. « Je souhaite qu’Util soit le premier d’une longue série, appelle de ses vœux Marie-Cécile Poncet, directrice adjointe du groupe hospitalo-universitaire (GHU) Paris Seine-Saint-Denis. Nos hôpitaux doivent être des lieux d’excellence, mais aussi de chaleur humaine ».

Une tendance dans le monde judiciaire

Cette initiative s’inscrit dans une approche plus globale d’intégration des chiens dans le parcours judiciaire des victimes, à l’image de ce qu’il se fait déjà aux États-Unis depuis plus de quinze ans. En effet, depuis 2019, la présence d’un chien d’assistance judiciaire est proposée aux victimes lors des audiences. Sa présence diminue le rythme cardiaque et l’anxiété, et libère la parole, en particulier chez les enfants.

« Souvent, on pense que le chien peut être un gadget. Ce n’est pas du tout un gadget, soutient Frédéric Almendros, procureur de la République de Cahors, à l’initiative de l’intégration de chien d’assistance judiciaire en France. C’est un partenaire de l’institution judiciaire à part entière parce que, justement, il n’a pas le regard des humains. Le chien est […] un réconfort psychologique, une béquille psychologique vivante qui ne vous juge pas », affirme-t-il sur le site du ministère de la Justice.

Aussi, en 2019, LOL, un jeune Labrador, a été le premier chien d’assistance judiciaire de France et d’Europe, à Cahors (Lot). Trois ans plus tard, en 2022, Rumba devenait quant à lui le premier chien à rejoindre une gendarmerie, à Vannes (Morbihan).

Avec Util, l’hôpital Jean-Verdier ouvre la voie à une nouvelle approche médico-judiciaire. Une approche plus humaine et profondément tournée vers la victime.