La Mutualité française propose ses solutions pour l’avenir de la Sécurité sociale
Alors que 84 % des Français estiment que le déficit du système de santé menace son avenir, la Mutualité française tire la sonnette d’alarme. Face à cette crise, l’organisation propose des mesures concrètes pour restaurer la confiance et garantir un accès aux soins pour tous.
La Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) a publié la troisième édition de son Carnet de santé de la France. Dans ce document, elle partage les résultats du sondage Odoxa sur la santé et le système de santé en France réalisé en juin 2025, qu’elle a elle-même commandité. L’organisation en tire également des mesures phares « pour une protection sociale soutenable, durable et solidaire ».
Un système de santé à préserver
La santé de la Sécurité sociale, pilier du modèle social français, inquiète. Ainsi, 84 % des sondés estiment que son déficit met en danger son avenir, révèle la FNMF.
Mais avant d’envisager son futur, sa situation actuelle se répercute d’ores et déjà sur l’accès aux soins. Dans le détail, 65 % des Français ont renoncé à des soins en 2025, contre 62 % en 2024. Une tendance qui s’aggrave, notamment pour les populations les plus précaires. Parallèlement, 87 % des citoyens vivent dans un désert médical. Près de 10 % des assurés n’ont plus de médecin traitant dont 400 000 patients en affection longue durée (ALD).
Lutter contre la fraude : un impératif pour la Mutualité
Parmi les raisons invoquées par la Mutualité pour expliquer le déficit de la Sécurité sociale, il y a la fraude sociale. Elle est estimée à 13 milliards d’euros par an, dont 4 milliards dans le secteur de la santé. « Loin d’être un phénomène marginal, ce détournement massif est devenu un enjeu collectif qui appelle une réponse coordonnée », considère la FNMF. D’ailleurs, 83 % des citoyens réclament des contrôles renforcés.
Pour endiguer ce fléau, la fédération propose de reconnaître le rôle des complémentaires santé dans la détection des fraudes. Elle est aussi en faveur du partage des données de santé avec l’Assurance maladie. Enfin, elle demande le renforcement des sanctions, comme la suspension du tiers payant pour les professionnels fraudeurs.
Le défi de l’accès aux soins
Autre point important pour la Mutualité : garantir l’accès aux soins pour tous. Son érosion s’accélère « au risque d’une rupture de confiance », estime-t-elle. En effet, 84 % des Français jugent difficile d’obtenir un rendez-vous chez un spécialiste, une hausse de 9 points en un an. « Pour répondre à l’urgence et préserver le contrat social dans la durée », la FNMF plaide pour la généralisation des équipes de soins traitantes. L’objectif est de mieux répartir les compétences médicales sur les territoires. Elle appelle aussi à développer des centres de santé et des Maisons de santé pluridisciplinaires.
La prévention au cœur du projet de la Mutualité
Pour la Mutualité, la prévention est essentielle pour alléger la pression sur notre système de santé. Seulement 3,9 % des dépenses de santé y sont aujourd’hui consacrées en France (contre 5,5 % en moyenne européenne). Pourtant, 84 % des sondés réclament plus d’actions pour prévenir les troubles de santé mentale. De plus, ils sont 87 % à estimer que la pratique sportive est aussi efficace que les médicaments.
Pour remettre la prévention au cœur de la santé publique, la Mutualité française reprend une partie de ses suggestions formulées en 2024 (lire notre article). Ainsi, elle propose de reconnaître la prévention comme une prestation à part entière, intégrée aux contrats de complémentaire santé et de prévoyance. Elle recommande de créer un portage interministériel pour agir sur tous les déterminants de santé (logement, éducation, environnement). Elle encourage la généralisation de l’actualisation de Mon espace santé (lire notre article) par les professionnels. Enfin, elle préconise d’améliorer le partage des données de santé, afin de personnaliser les actions de prévention.
Repenser la protection sociale
« Avec ces propositions, le gouvernement a l’opportunité de prendre des mesures utiles et immédiatement efficaces : le prochain PLFSS [projet de loi de financement de la Sécurité sociale, NDLR] peut être bien plus qu’un ajustement budgétaire, estime Éric Chenut, président de la Mutualité française. Il peut marquer un tournant, en posant des actes utiles, visibles et attendus par les Français. »
Mais l’organisation veut aller encore plus loin. Elle lance pour cela des États généraux de la santé et de la protection sociale. Cette démarche participative associera citoyens, professionnels de santé et société civile. Elle a pour but « d’élaborer une plateforme de mesures concrètes pour les échéances de 2027 », année de la prochaine élection présidentielle. « Des solutions existent dès aujourd’hui pour répondre aux tensions que traverse notre système de santé et de protection sociale, garantit Éric Chenut. Il faut le courage de les mettre en œuvre sans attendre, mais aussi de poser clairement la question de la place que nous voulons accorder à la santé demain. Quel système voulons-nous bâtir pour les générations futures ? Pour garantir la soutenabilité et l’universalité de notre modèle solidaire, nous aurons besoin de tous les acteurs. Recréer les conditions de la confiance et construire le futur C’est le sens de la démarche de nos états généraux. »