La Semaine bleue met en lumière la richesse de l’expérience des années et la nécessité de lutter contre l’âgisme.

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Semaine bleue 2025 : « vieillir, une force à partager »

Jusqu’au 12 octobre, se tient la Semaine nationale des retraités et personnes âgées, plus connue sous le nom de Semaine bleue. Cet événement met en lumière la richesse de l’expérience des années et la nécessité de lutter contre l’âgisme.

Depuis sa création en 1951, la Semaine bleue invite les Français à repenser leur perception du vieillissement. Cette initiative est coordonnée par l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss) et placée sous le haut parrainage du ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles. Elle rassemble associations, collectivités locales et établissements spécialisés autour d’un objectif commun : valoriser le rôle des personnes âgées dans la société.

Une place importante dans la société

En 2025, le thème de la semaine est « Vieillir : une force à partager ! Les aînés, nous avons besoin d’eux, ils ont besoin de nous ». Il rappelle ainsi que la sénescence n’est pas une limite, mais une source d’enrichissement collectif. « Trop souvent l’avancée en âge et la vieillesse sont présentées comme le temps de l’immobilisme et du déclin, indique le site de la Semaine Bleue. Les aînés s’inscrivant aujourd’hui dans la vie sociale de leur territoire, ils revendiquent que cela soit reconnu. »

Cette édition est d’ailleurs parrainée par le photographe Jean-Marie Périer. Ce dernier, à 85 ans, a toujours autant « de force à partager ».

Tout au long de la semaine, de nombreuses manifestations sont organisées sur le territoire. Elles ont toutes pour but de favoriser les échanges entre générations (lire aussi notre article).

Une hausse de l’isolement

Un événement comme la Semaine bleue est d’autant plus nécessaire que la solitude des aînés est importante. Ainsi, le 3ᵉ baromètre des Petits frères des pauvres révèle des chiffres alarmants. On y apprend que 750 000 seniors sont en état de « mort sociale ». Cela signifie qu’ils n’ont aucun contact avec qui que ce soit. « L’isolement extrême des personnes âgées a bondi de +150 % en moins de dix ans », constate l’association.

De plus, 2 millions de personnes de plus de 60 ans sont coupées de leur famille et de leurs amis. Ils sont 1,5 million à ne jamais ou presque jamais voir leurs enfants ou petits-enfants. Par ailleurs, 1,1 million de personnes âgées n’ont aucun lien amical (même à distance). De même, 2,7 millions n’ont aucun contact avec leurs voisins au-delà d’un simple « bonjour ». Elles sont également 5,7 millions à n’avoir personne à qui confier leurs émotions intimes.

Aussi, 9 millions ne sortent pas de chez elles quotidiennement. À ce constat s’ajoute la mise à l’écart du numérique : au moins 5 millions de seniors n’utilisent jamais Internet.

Finalement, 2,5 millions de personnes de plus de 60 ans se sentent seules tous les jours ou presque. Pour 4,2 millions, ce sentiment de solitude dure depuis plusieurs années.

« Ces données traduisent une fracture sociale profonde, constatent les Petits frères des pauvres. Ne pas avoir de famille, d’amis, de voisins ou même une oreille attentive, c’est perdre les repères essentiels qui donnent du sens au quotidien. » En conséquence, l’association alerte « sur l’urgence d’agir collectivement pour recréer du lien et prévenir cette mise à l’écart invisible mais massive ».

La Semaine bleue lutte contre l’âgisme

La Semaine bleue 2025 et les manifestations qui l’entourent s’inscrivent pleinement dans cette démarche. D’ailleurs, le Conseil de l’âge du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) a profité de l’événement pour publier ses « propositions pour un plan de lutte contre l’âgisme ». Un terme qui se définit comme une attitude de discrimination ou de ségrégation à l’encontre des personnes âgées.

Ces mesures sont structurées en quatre axes : mieux connaître et mesurer l’âgisme pour en évaluer l’impact ; transformer les représentations et les discours sur le vieillissement ; renforcer la participation sociale et citoyenne des seniors ; adapter les politiques publiques à une société où la longévité devient la norme.

« En intégrant la question de l’âgisme dans les politiques publiques nationales et territoriales, et dans un contexte de risque de fracture générationnelle (notamment entre les 35-49 ans et les plus de 65 ans), le Conseil de l’âge propose des mesures pouvant contribuer à une société plus fraternelle et mieux préparée à entrer dans la transition démographique », indique-t-il. Cette ambition rejoint celle de la Semaine bleue : faire du vieillissement une aventure collective.