Dépistage, vaccination… Il y a du nouveau dans le cancer du col de l’utérus
En septembre 2022, l’Union Européenne a actualisé ses recommandations en matière de dépistage des cancers et en particulier celui du col de l’utérus, provoqué par le papillomavirus humain (HPV). Passer sous la barre des 6 000 nouveaux cas annuels en France est une priorité, au moyen du dépistage comme de la prévention vaccinale.
S’emparant du sujet du cancer cervico-utérin, l’Union européenne vient de préconiser que le dépistage du virus HPV soit effectué chez les femmes âgées de 30 à 65 ans tous les 5 ans ou plus, afin de détecter le cancer du col de l’utérus. Cela rejoint les directives françaises, remaniées depuis octobre 2019, date où l’historique frottis cédait la place à un nouveau test immunologique plus performant (HPV RNA-Seq). Ce nouveau test qui repère l’ADN du virus est bien plus efficace pour dépister les lésions cervicales et ainsi prévenir les cancers du col de l’utérus. Par comparaison, le frottis laissait passer trop de lésions potentiellement cancéreuses. La sensibilité du test HPV est de 98-99 %. Cela signifie qu’en cas de test HPV négatif, la probabilité de lésion cervicale est inférieure à 1 %.
Globalement, 10 % des femmes ont un test HPV qui revient positif, ce qui témoigne de la présence du virus. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles présentent une lésion potentiellement cancéreuse car le virus disparaît spontanément dans 60 % des cas après 12-18 mois. De plus, « même lorsque le virus persiste, la grande majorité des femmes ne présente pas de lésion, assure le Dr Jean-Luc Mergui, chirurgien gynécologue-obstétricien, chargé des affaires internationales de la Société française de pathologies cervico-vaginales (SFCPCV). Ce test HPV ultrasensible doit être proposé en première intention aux femmes de 30 à 65 ans (avant 30 ans, le frottis reste compétitif). L’objectif est de trier celles qui sont porteuses du virus de celles qui ne le sont pas. Si le résultat du précédent test était négatif, il est à réitérer cinq ans après. En cas de test positif, on pratique un frottis. Si celui-ci est négatif, la recherche d’HPV est à renouveler après un an. En revanche, si le test et le frottis sont positifs, il faut procéder à une colposcopie. » Cet examen visuel du col de l’utérus, du vagin et de la vulve, détecte les lésions précancéreuses et cancéreuses.
Autotests HPV, la solution dans le dépistage du cancer du col ?
40 % des femmes qui devraient participer au dépistage du cancer du col de l’utérus ne le font pas. Pour améliorer l’adhésion, l’Institut national du cancer (INCa) vient de proposer de se tourner vers l’autoprélèvement à domicile pour les femmes qui ne se font jamais ou insuffisamment dépistées. Le programme de recherche français APACHE a conclu que les auto-prélèvements étaient aussi fiables que lorsque le prélèvement était réalisé par un professionnel de santé. Dans des essais dans les Pays de la Loire, on a vu clairement que l’autoprélèvement augmentait la couverture du dépistage. Deux étapes à franchir avant : une consolidation du dépistage qui repose sur les Centres régionaux de dépistage des cancers (CRCDC), ainsi que la désignation d’un kit d’autotest validé.
© C i E M / Hélène Joubert
La vaccination contre les HPV, peut mieux faire
Alors que la vaccination contre les HPV permet d’éviter jusqu’à 90 % des infections à l’origine des cancers HPV induits, la couverture vaccinale n’est que de 37,4 % du public cible : les adolescents de 11 à 14 ans révolus. En avril 2022, l’Organisation mondiale de la santé a estimé qu’une seule dose de vaccin contre les HPV permettait d’obtenir une protection solide contre les HPV, comparable aux schémas à deux doses, en s’appuyant sur des études dont une indienne*. Des données à confirmer avant de revoir les recommandations françaises.
*Basu P, Malvi S, Joshi S et coll. Lancet Oncol 2021; 22: 1518–29.