Tension oculaire : pourquoi est-il important de la contrôler ?
La tension oculaire désigne la pression à l’intérieur de l’œil. À valeur élevée, elle peut être révélatrice de pathologies et entraîner une baisse, voire une perte de la vue. Il est donc nécessaire de réaliser fréquemment un examen ophtalmologique.
La tension oculaire, ou pression intraoculaire (PIO), désigne la pression qui réside à l’intérieur de l’œil. « Elle est mesurée en millimètre de mercure (mmHg), varie généralement entre 10 et 20 et a tendance à s’accroître avec l’âge », indique François Leuillette, ophtalmologiste au cabinet d’ophtalmologie des Flandres. Au-delà de 21 mmHg, on parle d’hypertonie (ou d’hypertension) oculaire. « Cette tension élevée résulte d’une trop forte accumulation du liquide situé dans l’œil, entre le cristallin et la cornée, appelé l’humeur aqueuse ».
Une pression qui varie
« Une tension oculaire anormale n’est pas systématiquement inquiétante, rassure le spécialiste. Elle peut en effet varier d’une personne à l’autre ou même au cours de la journée selon les activités ». « La réalisation d’efforts à glotte fermée, comme celle d’instruments à vent (saxophone, clarinette…) chez les musiciens professionnels, qui a tendance à diminuer le retour veineux, et celle, soutenue, de certaines positions de yoga la tête en bas qui provoque une stagnation du liquide dans l’œil, peuvent augmenter la tension oculaire, explique le docteur Leuillette. C’est également le cas du traitement contre l’asthme, à base de cortisone ou de la prise d’antidépresseurs ». En outre, si la consommation de café, par exemple, a tendance à faire grimper la pression, la consommation d’un verre d’alcool, elle, la fera à l’inverse diminuer, tout comme une séance de sport.
Tension élevée : quels sont les risques ?
Mais une pression élevée peut également être révélatrice d’une pathologie. « Même si la valeur de la tension oculaire n’est pas suffisante pour établir un diagnostic, l’hypertonie oculaire, due généralement à un problème d’évacuation de l’humeur aqueuse par le trabéculum (tissu qui draine l’humeur aqueuse hors de l’œil), peut parfois cacher un glaucome », prévient l’ophtalmologiste. Cette maladie se caractérise par la destruction progressive du nerf optique et représente la deuxième cause de cécité dans les pays développés. « 10 % des patients présentant une hypertonie oculaire développeraient un glaucome dans les 5 ans », constate-t-il.
L’importance d’un dépistage régulier
D’où l’importance de contrôler fréquemment sa tension oculaire. D’autant que dans l’immense majorité des cas, l’hypertonie oculaire est totalement asymptomatique. « Il est recommandé de se faire dépister au moins tous les quatre à cinq ans avant 50 ans, et tous les 2 à 3 ans par la suite ; et plus fréquemment en cas d’histoire familiale à risque, en raison du caractère héréditaire de la maladie », conseille le spécialiste. « À l’occasion du renouvellement de l’ordonnance de lunettes, tous les 5 ans, nous contrôlons systématiquement la tension oculaire des patients, rappelle le docteur Leuillette. Mais pour ceux qui n’en portent pas, une visite chez l’ophtalmologiste reste nécessaire. » Cet examen est généralement réalisé à l’aide d’un tonomètre, avec un jet d’air projeté sur la surface de la cornée.
En cas de glaucome, le médecin prescrira au patient un collyre ou un traitement laser en première intention. Si cela ne suffit pas, une intervention chirurgicale pourra, éventuellement, être nécessaire par la suite.
© CIEM / Constance Périn