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Comprendre la démence vasculaire

Deuxième cause de démence après Alzheimer selon l’Inserm, la démence vasculaire résulte d’un déficit d’irrigation cérébrale. Parce qu’elle partage les mêmes facteurs de risque que les maladies cardiovasculaires, la prévention est possible – à condition d’agir tôt.

La démence vasculaire désigne un déclin cognitif causé par un défaut d’irrigation sanguine dans le cerveau. Ces dommages surviennent souvent à la suite d’infarctus cérébraux multiples, de micro-lésions provoquées par la maladie des petits vaisseaux, ou encore après un accident vasculaire cérébral (AVC) majeur.
Avec le vieillissement de la population, la tendance est inquiétante. Le nombre de patients devrait augmenter de 45 % d’ici à 2050, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Cette pathologie représente 15 à 20 % des cas de démence dans le monde, toujours selon l’OMS. Contrairement aux démences neurodégénératives, où la mort neuronale est programmée, celle-ci résulte d’une atteinte vasculaire : les neurones meurent faute de recevoir l’oxygène et les nutriments nécessaires.

Physiopathologie : quand le sang n’arrive plus

La démence vasculaire résulte d’un processus insidieux, un apport sanguin insuffisant au cerveau privant les neurones d’oxygène et de nutriments essentiels. Plusieurs types de lésions vasculaires sont en cause : ischémie chronique, micro-infarctus cérébraux, micro-hémorragies, etc. La maladie des petits vaisseaux cérébraux est l’un des mécanismes principaux. En perturbant les connexions entre les différentes zones du cerveau, elle altère la mémoire, les fonctions exécutives ainsi que l’attention. Ces lésions, souvent diffuses et silencieuses, s’accumulent jusqu’à entraîner un déclin cognitif.
Contrairement à la maladie d’Alzheimer, caractérisée par une dégénérescence neuronale irréversible et directement causée par l’accumulation de protéines anormales, la démence vasculaire découle d’un mécanisme indirect. Les neurones ne meurent pas à cause d’une dégénérescence programmée mais parce qu’ils ne sont plus suffisamment alimentés en sang. La prévention est donc possible, à condition de repérer les signaux d’alerte et d’intervenir avant que les lésions ne deviennent irréversibles.

Des symptômes souvent silencieux

Cette maladie débute en général insidieusement, avec des troubles exécutifs (comme des difficultés de planification ou d’organisation), un ralentissement psychomoteur, une apathie marquée ou encore des troubles de la marche. Ces symptômes sont parfois négligés ou attribués à l’âge, à tort. Leur évolution est dite « en marches d’escalier » : chaque événement ischémique (micro-infarctus, AVC) provoque une dégradation soudaine suivie d’une phase de stabilité. Cette progression discontinue la distingue également de l’évolution plus linéaire d’Alzheimer. Le diagnostic repose sur une IRM cérébrale et des tests cognitifs permettant de confirmer les atteintes vasculaires et mentales.

Quels sont les facteurs de risque ?

La démence vasculaire partage les mêmes facteurs de risque que les maladies cardiovasculaires : hypertension artérielle, diabète de type 2, hypercholestérolémie, athérosclérose, fibrillation atriale. À cela s’ajoutent certaines habitudes de vie : tabac, sédentarité, obésité. De plus, la recherche identifie des facteurs « neuro-cardio-métaboliques » comme la pré-éclampsie ou des anomalies lipidiques précoces. Ils peuvent affecter le cœur, les vaisseaux et le cerveau. Pour éviter l’apparition de ces troubles, adopter une bonne hygiène de vie demeure essentiel : une activité physique régulière, un régime de type méditerranéen, l’arrêt du tabac et la limitation de l’alcool.

Justine Ferrari