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L’endoscopie bariatrique, une solution dans l’obésité ?

L’endosleeve est une technique endoscopique de prise en charge de l’obésité. Quel rôle les techniques bariatriques mini-invasives pourraient-elles jouer dans un avenir très proche ?

Les interventions bariatriques endoscopiques offrent une alternative prometteuse pour traiter l’obésité. Elles combinent en effet une efficacité satisfaisante et un risque de complications inférieur à celui des différentes chirurgies bariatriques(1). L’endosleeve, ou plus précisément la sleeve gastroplastie endoscopique, la technique d’endoscopie bariatrique la plus aboutie, devient une alternative sérieuse pour la perte de poids chez les patients avec un indice de masse corporelle (IMC) entre 30 et 34,9 kg/m², ce qui définit l’obésité modérée, voire au-delà. Au point que son remboursement est à l’étude en France. Cette méthode, actuellement mise en œuvre dans des études au sein des centres hospitaliers universitaires et parfois disponible dans le secteur privé à la charge des patients, commence à rivaliser avec des interventions qui étaient autrefois strictement chirurgicales.

Qu’est-ce que l’endosleeve ?

La sleeve chirurgicale consiste à retirer environ 75 à 80 % de l’estomac par cœlioscopie, à travers de petites incisions dans l’abdomen, laissant un manchon étroit en forme de banane. L’endosleeve recrée un effet similaire à l’aide d’outils endoscopiques introduits par la bouche jusqu’à l’estomac pour réaliser des sutures. L’endoscopiste, et non plus le chirurgien, ne retire pas l’estomac mais le plicature par l’intérieur, d’où une possible réversibilité. 

Une étude publiée en 2021 sur le système OverStitch d’endosleeve a révélé, qu’après cinq ans de suivi, près de 90 % des patients avaient perdu plus de 5 % de leur poids total et 60 % avaient atteint une perte de plus de 10 %(2). L’endosleeve se positionne ainsi de plus en plus comme une alternative crédible à la sleeve chirurgicale. Une comparaison chez des patients avec une obésité de grade 2 n’a montré aucune différence en terme de perte de poids total entre les deux techniques (60 % de perte d’excès de poids pour l’endosleeve contre 74 % pour la sleeve chirurgicale à trois ans), tout en mettant en avant une récupération postopératoire plus simple pour l’endosleeve(3). Pour ce qui est des études ayant le plus haut niveau de preuve, dites « randomisées », plusieurs sont déjà parues. Deux ont établi l’endosleeve(4,5) comme une méthode sûre et efficace, selon les standards internationaux, pour les patients avec un IMC entre 30 et 35 kg/m², avec une perte d’excès de poids de 45 % à un an(3,4). Les résultats soulignent un taux de complications postopératoires très bas, d’environ 2 %, incluant des hématomes, des hémorragies digestives. 

Aucune directive de la Haute Autorité de santé (HAS) ne prévoit de prise en charge interventionnelle pour les patients ayant un IMC compris entre 30 et 34,9 kg/m² (obésité de grade 1). Cependant, cette catégorie de patients pourrait potentiellement bénéficier des techniques mini-invasives.

Vers l’endoscopie métabolique

Le concept d’endoscopie bariatrique a même évolué très récemment vers celui d’endoscopie métabolique, intégrant non seulement la perte de poids, mais aussi en agissant sur la glycémie et le « foie gras ». D’autres techniques endoscopiques sont en cours de développement, comme le gastric bypass endoscopique, ou encore le resurfaçage de la muqueuse du duodénum pour limiter le phénomène d’absorption.

© C I E M / Hélène Joubert

(1) Barthet M. « Place et futur de l’endoscopie bariatrique » ; Annales d’Endocrinologie. Sept 2020; 81(14): 132.
(2) Clin Gastroenterol Hepatol. 2021 May; 19(5):1051-1057.e2. 
(3) Gastrointest Endosc. 2022 Jul; 96(1):44-50.
(4) Gut. 2020 Oct 28; gutjnl-2020-322026.
(5) Lancet. 2022 Aug 6; 400(10350):441-51.