Une enquête de Foodwatch révèle que les produits alimentaires les moins chers sont souvent les plus sucrés, et ce, au détriment de la santé des consommateurs les plus modestes.

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Alimentation : les produits les moins chers sont aussi les plus sucrés

Une enquête de Foodwatch révèle que les produits alimentaires les moins chers sont souvent les plus sucrés. Et ce, au détriment de la santé des consommateurs les plus modestes.

Selon une enquête menée par l’association Foodwatch (accessible ici en détail), les produits alimentaires les moins chers sont majoritairement ceux qui contiennent le plus de sucre. Pour arriver à cette conclusion, l’association a analysé plus de 400 denrées alimentaires dans les cinq plus grandes chaînes de distribution en France. Il s’agit de Leclerc, Auchan, Carrefour, la coopérative U et Intermarché.

Le sucre plus présent dans les produits premiers prix

Foodwatch a scruté douze catégories de produits : conserves de petit pois, pizzas, pain de mie, mayonnaises, biscottes… Des aliments dans lesquels elle ne s’attendait d’ailleurs pas à retrouver du sucre ajouté. Et les résultats sont édifiants. Par exemple, les cinq conserves de petits pois les moins chères contiennent en moyenne 43 % de sucre en plus que les cinq boîtes plus chères. Même constat pour la mayonnaise avec 417 % de sucre en plus. Et également pour les biscottes et le guacamole : respectivement 24 et 127 % de sucre en plus.

Le prix, un facteur discriminant pour la santé

L’association dénonce un système qui crée une « discrimination intolérable » entre les consommateurs en fonction de leur pouvoir d’achat. Les plus modestes, contraints d’acheter les produits les moins chers, se retrouvent ainsi exposés à une alimentation plus sucrée. Et donc moins saine. Consommer trop de sucre entraîne effectivement des risques pour la santé. Il participe notamment à la survenue de l’obésité, des maladies cardiovasculaires ou encore du diabète de type 2 (lire à ce sujet notre article sur l’obésité et le marketing de la malbouffe).

Pour Audrey Morice, chargée de campagnes chez Foodwatch, cette situation est inacceptable. « Non seulement l’offre alimentaire est trop sucrée, mais si votre budget est serré, vous ne pourrez pas faire le meilleur choix pour votre santé, estime-t-elle. Les distributeurs portent la responsabilité de cette offre biaisée et discriminante, et de ses conséquences. »

Les marques distributeurs et l’industrie en ligne de mire

Ce sont principalement les marques distributeurs qui sont pointées du doigt dans cette enquête. En effet, 99 % des produits les moins chers sont issus de ces marques.

Par ailleurs, l’industrie agroalimentaire joue elle-aussi un rôle majeur dans cette dérive. Selon une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), 77 % des produits alimentaires transformés vendus en supermarché contiennent au moins un ingrédient sucrant ou vecteur de goût sucré. Le sucre y est utilisé en tant que conservateur et additif. Il rend aussi les produits plus agréables au goût.

Un appel à l’action

Foodwatch appelle donc ces acteurs à revoir leurs recettes. Les distributeurs sont encouragés à aligner la qualité nutritionnelle avec leurs discours sur l’accessibilité des prix. « Les produits plus sains doivent être abordables pour toutes et tous », insiste Audrey Morice.

Décidée à faire bouger les choses, Foodwatch a également lancé une pétition pour inciter les grandes enseignes de supermarchés à revoir leur politique. Chaque jour, cette pétition est envoyée par e-mail aux directeurs ou présidents des cinq grandes enseignes. Y figurera à chaque fois les noms des nouveaux signataires. Au 22 janvier, plus de 21 300 consommateurs avaient déjà confirmé leur soutien en signant la pétition.

© CIEM / Constance Périn