L’hémorragie et les troubles hypertensifs représentent les principales causes de mortalité maternelle à l’échelle mondiale, révèle une étude de l'Organisation mondiale de la Santé. Cette dernière souligne la nécessité de renforcer la prise en charge pré et postnatale.

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Mortalité maternelle : un fléau mondial à combattre

L’hémorragie et les troubles hypertensifs représentent les principales causes de décès maternels à l’échelle mondiale. C’est ce que révèle une récente étude de l’Organisation mondiale de la Santé. Cette dernière défend alors un renforcement de la prise en charge pré et postnatale.

287 000. C’est le nombre de femmes qui sont décédées des suites de complications liées à la grossesse et à l’accouchement dans le monde en 2020. Ce chiffre alarmant est issu d’une nouvelle étude (en anglais) publiée dans The Lancet, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 8 mars. Cela correspond à un décès toutes les deux minutes.

Les hémorragies et les troubles hypertensifs responsables de 130 000 décès

Les hémorragies en constituent la principale cause. Elles « surviennent principalement pendant ou après l’accouchement, [et] sont responsables de près d’un tiers (27 %) de la mortalité maternelle », affirme l’OMS dans son communiqué. Elles engendrent ainsi 80 000 décès par an.

Par ailleurs, 50 000 décès maternels (16 %) sont dus à des troubles hypertensifs, comme la prééclampsie. Il s’agit d’« une maladie grave caractérisée par une hypertension artérielle, qui peut entraîner des hémorragies, des accidents vasculaires cérébraux, des défaillances d’organes et des convulsions si elle n’est pas traitée ou si elle est traitée trop tardivement », indique l’Organisation.

L’impact de maladies sous-jacentes

Les maladies infectieuses et chroniques sont quant à elles responsables de près d’un quart (23 %) des décès maternels. Cela concerne notamment le VIH/sida, le paludisme, le diabète ou encore l’anémie. Ces affections sont parfois ignorées pendant la grossesse. Pourtant, elles augmentent le risque de complications graves et mettent en péril la vie des femmes.

« Souvent, ce n’est pas un seul facteur, mais plutôt de nombreux facteurs interdépendants qui contribuent aux décès de femmes pendant ou après la grossesse », détaille la docteure Jenny Cresswell, scientifique à l’OMS.

Précisons également que l’étendue de l’étude de l’OMS reste limitée. La majorité des pays interrogés ne tient pas compte des décès maternels tardifs. Il s’agit de ceux survenus dans l’année qui suit l’accouchement. Par ailleurs, seuls 12 pays ont accepté de communiquer des données sur le suicide maternel.

Des inégalités géographiques qui persistent

Les soins prénataux et postnataux jouent un rôle crucial dans la détection précoce des complications et la réduction des risques. Cependant, environ un tiers des femmes ne bénéficient toujours pas de consultations dans les jours qui suivent l’accouchement. Et ce, principalement dans les pays à faible revenu. Pascale Allotey, directrice du département Santé sexuelle et reproductive, et recherche à l’OMS et du Programme spécial de recherche, de développement et de formation à la recherche en reproduction humaine (HRP) des Nations unies, dénonce un « problème d’équité au niveau mondial ». Elle rappelle ainsi que « les femmes, partout, ont besoin de soins de qualité ». Elle considère alors que « des efforts doivent être déployés pour prévenir et traiter d’autres affections sous-jacentes qui mettent leur santé en péril » (lire aussi notre article).

Pour une prise en charge globale de la santé maternelle

Un avis partagé par Jenny Cresswell. Elle énonce : « Il a été prouvé qu’une approche plus globale de la santé maternelle donne aux femmes les meilleures chances de vivre une grossesse et un accouchement en bonne santé, et de bénéficier d’une qualité de vie durable après l’accouchement – les systèmes de santé doivent être en mesure de les soutenir à différentes étapes de la vie. »

En 2024, l’OMS dernière a lancé une feuille de route mondiale pour lutter contre l’hémorragie post-partum. Les 194 pays de l’Assemblée mondiale de la Santé ont également adopté une résolution (en anglais). Elle vise à renforcer l’accès à des soins de qualité avant, pendant et après l’accouchement. Par ailleurs, la Journée mondiale de la santé du 7 avril 2025 sera dédiée à la santé maternelle et néonatale. « La campagne appellera à une intensification majeure des efforts pour garantir l’accès à des soins de haute qualité et éprouvés pour les femmes et les nourrissons, en particulier dans les pays les plus pauvres et les situations de crise où la grande majorité des décès se produisent », précise l’OMS.

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