L’Agence nationale de sécurité du médicament lance une nouvelle campagne de sensibilisation sur les risques des traitements médicamenteux pour traiter l’anxiété et l’insomnie.

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Anxiété, insomnie : ces médicaments ne sont pas sans risque

L’Agence nationale de sécurité du médicament lance une nouvelle campagne de sensibilisation sur les risques des traitements médicamenteux pour traiter l’anxiété et l’insomnie.

Malgré leur efficacité, les médicaments utilisés pour traiter l’anxiété et l’insomnie sévères, et notamment les benzodiazépines et apparentés, ne sont pas sans risque. C’est ce que rappelle l’ANSM dans une campagne de sensibilisation lancée 10 avril à destination du grand public et des professionnels de santé. Cette dernière s’inscrit dans le cadre de la Grande cause nationale 2025 dédiée à la santé mentale.

Un traitement de courte durée

Dépendance, troubles de la mémoire, somnolences, chutes, ou encore danger en cas de conduite… les effets secondaires liés à ces médicalement sont nombreux. Ils peuvent aussi être plus ou moins importants selon la sensibilité de chacun. C’est pourquoi ils doivent impérativement être prescrits pour une durée limitée. Quelques jours à trois semaines pour les troubles du sommeil, et au maximum douze semaines pour les troubles anxieux. « Ils constituent une aide temporaire pour atténuer les symptômes et non un traitement de la cause », insiste l’ANSM. De plus, avec le temps, les effets des benzodiazépines s’amenuisent. Cela laisse alors supposer une consommation plus importante pour atteindre les mêmes effets.

Un consommation préoccupant de ces médicament en France

La France est aujourd’hui le deuxième pays consommateur de benzodiazépines en Europe, juste derrière l’Espagne. En 2024, plus de 9 millions de Français en ont pris. Ces chiffres traduisent une banalisation de ces traitements, perçus, à tort, comme inoffensifs. Une étude commandée par l’ANSM révèle ainsi que plus d’un tiers des personnes concernées estiment ne courir aucun risque.

Trois publics cibles

La campagne s’adresse en priorité à trois catégories particulièrement exposées au mésusage de ces médicaments.

D’abord les jeunes adultes (de 18 à 25 ans). « Près d’une personne sur quatre de moins de 30 ans, prenant ou ayant pris des benzodiazépines, affirme ne pas connaître le risque de dépendance », pointe l’agence. Un résultat préoccupant, d’autant que la santé mentale de cette population continue de se dégrader (lire notre article)

Ensuite, les plus de 65 ans, plus gros consommateurs de benzodiazépines, sont visés. Les prescriptions y sont fréquentes et prolongées, avec des conséquences souvent graves, notamment en cas de chute. « Avec l’âge, le temps de sommeil diminue et ne nécessite pas une prise en charge médicamenteuse, rappelle, à juste titre, le ministère de la Santé sur son site. La qualité du sommeil importe plus que sa durée. » Par ailleurs, « le vieillissement et certaines maladies accroissent la sensibilité de l’organisme aux somnifères et aux tranquillisants et donc le risque d’effets secondaires », indique-t-il.

Enfin, les professionnels de santé – médecins et pharmaciens – sont eux aussi appelés à jouer un rôle central dans la diffusion de messages de prévention. Il est de leur devoir d’alerter leur patient sur les risques et les règles d’usage. L’agence insiste également sur le fait que les benzodiazépines ne sont pas des traitements de première intention ni le seul traitement disponible.

Promouvoir des alternatives non médicamenteuses

Pour porter son message, l’ANSM mise sur une campagne digitale multicanal. Cette dernière se compose principalement de quatre affiches : deux sont consacrées à l’insomnie et deux autres à l’anxiété. Les supports sont axés sur des solutions sans risque. Ainsi, pour vaincre l’insomnie (lire à ce sujet notre dossier sur le sommeil), ils conseillent plutôt la pratique de la méditation et de la lecture. Et contre l’anxiété, elle recommande de pratiquer une activité physique et de développer les interactions sociales. L’agence rappelle également que « les médicaments ne sont pas des produits ordinaires ». Il ne faut pas, de fait, les « prendre à la légère ». Enfin, elle préconise, en cas de difficultés, de consulter un médecin.

En parallèle, des brochures et vidéographies pédagogiques sont diffusées en ligne. Elles s’adressent aussi bien au grand public qu’aux professionnels

Enfin, des partenariats avec des créateurs de contenu viennent compléter ce dispositif afin d’atteindre un public large et varié.

Avec cette campagne, l’ANSM réaffirme sa volonté d’encourager un usage raisonné des benzodiazépines. Elle incite également à utiliser des approches plus durables et moins à risque.