Pour prévenir les risques de séquelles graves chez le fœtus, la Haute autorité de santé recommande désormais le dépistage de l’infection à cytomégalovirus chez les femmes enceintes.

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Cytomégalovirus : la HAS préconise son dépistage chez les femmes enceintes

Pour prévenir les risques de séquelles graves chez le fœtus, la Haute autorité de santé recommande désormais le dépistage de l’infection à cytomégalovirus chez les femmes enceintes. Une mesure qui devra faire l’objet d’une évaluation dans trois ans.

La Haute autorité de santé défend la mise en place d’un dépistage systématique du cytomégalovirus (CMV) chez les femmes enceintes dont le statut sérologique est inconnu ou négatif. Cette décision intervient après une sollicitation du ministère chargé de la Santé, comme prévu par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024 (lire aussi notre article). Cette mesure vise à prévenir les complications chez le fœtus, mais aussi à réduire les inégalités de prise en charge selon les territoires.

Cytomégalovirus : un virus potentiellement dangereux pour le fœtus

Le cytomégalovirus est un virus relativement fréquent qui se transmet par contact avec les liquides biologiques. Cela concerne aussi bien la salive que les sécrétions respiratoires, le sperme, les urines, ou encore les larmes. « Environ 46 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ont déjà été en contact avec le cytomégalovirus », indique la HAS dans un communiqué. Un chiffre qui varie selon les régions, pouvant atteindre jusqu’à 90 % dans les départements d’outre-mer.

Généralement bénin, le virus passe souvent inaperçu pour l’adulte et le fœtus. Cependant, dans certains cas, il peut s’avérer dangereux pour l’enfant à naître, notamment lorsqu’il est contracté en début de grossesse. Cela peut en effet engendrer des complications sévères comme une perte auditive neurosensorielle (unilatérale ou bilatérale). Des troubles neurologiques, un retard global du développement ou encore des formes de paralysie sont également constatés.

Dépister pour mieux prévenir les risques

Malgré ces risques, aucun dépistage systématique n’est actuellement réalisé en France pendant la grossesse. « En 2018 puis en 2023, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) s’est en effet prononcé contre sa mise en œuvre, faute d’éléments suffisants pour en démontrer le bénéfice », explique la HAS.

Aujourd’hui, en s’appuyant sur l’évolution des connaissances, la Haute autorité de santé défend la mise en place d’un dépistage systématique. Il serait proposé à toutes les femmes enceintes dont le statut sérologique est inconnu ou négatif. Il devrait s’intégrer à la liste des examens proposés aux femmes enceintes au premier trimestre de grossesse.

Cette recommandation intervient dans un contexte de pratiques hétérogènes. En effet, bien qu’aucun protocole national n’impose ce dépistage, il est déjà proposé à près d’un tiers des femmes enceintes, de manière très variable. Une disparité territoriale qui engendre de réelles inégalités d’accès aux soins.

Un dépistage organisé et encadré

Le dépistage repose sur une prise de sang permettant d’identifier les anticorps IgG et IgM. Elle permet aussi d’évaluer la présence d’une infection récente ou ancienne grâce à un test d’avidité.

Les femmes jamais exposées au CMV, dites séronégatives, bénéficieront de conseils préventifs pour réduire le risque d’infection. Celles dont les résultats révèlent une infection récente peuvent se voir proposer un traitement préventif : le valaciclovir. Ce médicament antiviral est le seul actuellement utilisé dans cette indication. Il permet de limiter la transmission au fœtus en cas de séropositivité maternelle.

Pour l’autorité publique, cette recommandation requiert la mise en place de mesures d’accompagnement. « Il nécessitera en effet, en tant que de besoin, de réorganiser les pratiques, la formation des professionnels de santé, l’harmonisation des protocoles pour le suivi des femmes enceintes à risque, ainsi qu’une information adaptée aux femmes enceintes », insiste-t-elle.

Une stratégie à réévaluer dans trois ans

La HAS conditionne la pérennisation du dispositif à une réévaluation dans trois ans, après une phase de collecte de données. L’objectif est de mesurer l’impact réel de ce dépistage en matière de santé publique. Les bénéfices cliniques, les risques, et la faisabilité organisationnelle seront également évalués.