Une hausse alarmante des violences envers les médecins
Les chiffres sont sans appel : les violences contre les médecins, tout acte confondu, ont augmenté de 27 % en un an, atteignant un total de 1 581 incidents signalés. Une tendance qui inquiète l’Ordre des médecins.
Les résultats du dernier Observatoire de la sécurité des médecins, présentés par le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) en partenariat avec Ipsos, font état d’une hausse significative des violences envers les praticiens. Au total 1 581 cas d’agressions ont été recensés en 2023, contre 1 244 en 2022, soit une augmentation de 27 %.
Des violences envers les personnes et les biens
Ces violences incluent les atteintes aux personnes et aux biens. Il s’agit d’agressions verbales et de menaces (73 %), d’agressions physiques (8 %), de vols ou tentatives de vols (8 %) ou encore de vandalisme (7 %). Ces incidents ont lieu le plus souvent dans les cabinets de ville (72 %, contre 22 % en établissement de soins). Ils sont aussi plus fréquents en centre-ville, (54 %), puis en milieu rural (24 %) et, enfin, en banlieue (18 %).
Dans 62 % des cas, l’agresseur est le patient lui-même (58 % en 2022). Il est une personne qui l’accompagne dans 16 % des signalements (18 % en 2022).
Parmi les motifs les plus fréquemment évoqués, on retrouve les reproches relatifs à une prise en charge et les refus de prescription. Le temps d’attente jugé trop long est également cité (lire notre article sur les délais de rendez-vous).
Les médecins généralistes et les femmes plus touchées
Logiquement, les médecins généralistes sont tout particulièrement touchés. Ces derniers représentent 64 % des victimes. Un chiffre qui reflète leur rôle de professionnel de santé de premier recours dans le système de santé.
Les femmes sont aussi légèrement surreprésentées parmi les victimes à 56 %. C’était déjà le cas en 2022. À noter : la population médicale compte autant d’hommes que de femmes.
Un faible taux de plaintes malgré les violences
Malgré la gravité de ces actes, seuls 31 % des victimes ont porté plainte auprès des autorités. Et 7 % se sont contentés de déposer une main courante. Or, cette dernière n’entraîne pas automatiquement une enquête judiciaire.
L’étude ne donne pas d’explication sur les raisons qui amènent les médecins à ne pas signaler les faits. Mais une méconnaissance des démarches à suivre après une agression peut être en cause. Un manque de temps, la peur de représailles ou encore des démarches administratives trop lourdes peuvent également l’expliquer.
Un contexte de tensions
Face à cette recrudescence des violences, le Cnom tire la sonnette d’alarme. Il appelle à une mobilisation de tous les acteurs du système de santé. Dans son communiqué, il insiste sur la nécessité de renforcer la protection des soignants. Un appel qu’il adresse directement aux pouvoirs publics.
L’Ordre invite en parallèle les victimes à signaler systématiquement tout incident à leurs conseils départementaux. Un dispositif d’écoute et d’accompagnement y est d’ailleurs mis à la disposition des médecins qui en ressentent le besoin.
© CIEM / Léa Vandeputte