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L’histoire des vaccins

C’est grâce à des scientifiques passionnés qu’est né le principe de la vaccination, et avec lui la fin de grandes épidémies et de maladies ravageuses telles que la rage ou la variole. Cette histoire, somme toute assez récente, débute à la fin du XVIIIe siècle. Tout commence par la découverte des microbes, par Koch en Allemagne, et de l’asepsie puis des vaccins par Pasteur en France : deux géants qui révolutionnèrent la médecine. 

Quelques dates clés

1798 – Vaccin contre la variole (Edward Jenner)

Appelée autrefois petite vérole, la variole existait déjà au Néolithique. Elle aurait tué au cours des siècles des millions d’humains lors de grandes épidémies, et ce sur tous les continents. Grâce à la découverte d’Edward Jenner (voir encadré), un vaccin voit le jour. Napoléon 1er, qui projette d’envahir l’Angleterre alors en proie à une épidémie de petite vérole, décide de faire vacciner ses soldats. Pour les convaincre, il montre l’exemple en faisant vacciner son propre fils. Ce n’est qu’en 1980, après bien des campagnes de vaccination, que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclare enfin la disparition totale de cette maladie longtemps surnommée « la grande tueuse ». 

1885 – Vaccin contre la rage (Louis Pasteur)

Louis Pasteur, professeur de chimie que rien ne prédestinait à devenir l’un des plus grands scientifiques du XIXe siècle, découvre d’abord le processus de pasteurisation pour détruire les microbes, puis le vaccin contre le choléra des poules à l’aide d’un microbe atténué, ensuite le vaccin contre la maladie du charbon, qui touche les moutons mais peut se transmettre à l’homme, avant de parvenir au fameux vaccin contre la rage qui couronne toutes ses années de recherches. À cette époque, aucun remède n’existe encore contre cette maladie mortelle qui s’attaque au cerveau et cause d’atroces souffrances. Travailler sur des chiens porteurs de ce virus hautement contagieux et transmissible à l’homme demande donc un grand courage. Malgré le danger, Pasteur, épaulé par Roux, Thuillier et Chamberland, met au point un protocole de vaccination, expérimenté avec succès sur des animaux. Mordu par un chien enragé, Joseph Meister, un petit Alsacien de 9 ans, est condamné. Sa mère, ayant entendu parler des recherches de Pasteur, le supplie de le sauver. Il devient ainsi le premier être humain vacciné. Trois ans plus tard, l’Institut Pasteur est inauguré.

1921 – Vaccin contre la tuberculose (Albert Calmette et Camille Guérin)

C’est Robert Koch, le grand rival de Louis Pasteur, qui découvre le bacille de la tuberculose (BK), mais ce sont Camille Guérin, un vétérinaire, et Albert Calmette, le directeur de l’Institut Pasteur de Lille, qui mettent au point un vaccin : le fameux BCG (Bacille de Calmette et Guérin). Après la Première Guerre mondiale, le taux de morbidité dû à la tuberculose était de 3 % et la mortalité s’élevait entre 20 % et 40 %. Avec l’amélioration des conditions sanitaires, le développement du BCG dans les années 1920 puis celui des antibiotiques vers les années 1950, la tuberculose a aujourd’hui presque disparu en France. Bien que son incidence reste faible (7,6 cas/100 000 habitants), elle revient cependant dans certains territoires (Seine-Saint-Denis, Guyane, Mayotte), parmi des populations défavorisées (migrants, SDF, détenus). 

1937 – Vaccins contre la grippe (Jonas Salk) et la fièvre jaune (Max Theiler)

L’observation des virus, grâce à l’apparition des premiers microscopes électroniques dans les années 1930, améliore les méthodes de mise en culture permettant l’émergence de plusieurs vaccins viraux. Ces derniers sont créés à partir de techniques de culture cellulaire en milieu synthétique, qui seront adoptées largement en Europe et aux États-Unis. C’est le cas pour ceux de la fièvre jaune et de la grippe dans les années 1930, suivis 20 ans plus tard, en 1954, par le premier vaccin injectable contre la poliomyélite. 

De 1963 à 1969 – Vaccins contre la rougeole

(John F. Enders), les oreillons (Michiaki Takahashi), les infections à méningocoque (Emile C. Gotschlich) et la rubéole (Stanley A. Plotkin).

C’est dans les années 1950-1960 que voient le jour les vaccins à plusieurs valences, offrant une protection combinée contre plusieurs maladies à la fois. C’est le cas, notamment, du vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole (ROR). Recommandé aux enfants à 9 et 12 mois, il est administrable également aux adolescents et aux adultes nés après 1963 qui ne sont pas encore vaccinés. Les virus de ces maladies pouvant être à l’origine de graves complications sont très contagieux. Hormis le vaccin, il n’existe pas de traitement. 

1976 – Vaccin contre l’hépatite B (Philippe Maupas, puis Maurice R. Hilleman)

L’hépatite B est une infection virale du foie causée par le virus de l’hépatite B (VHB) présent dans les liquides biologiques (sang, sécrétions vaginales et sperme). Elle existait déjà dans l’Antiquité, mais il faudra attendre le début des années 1970 pour que les virus de l’hépatite A et B soient formellement identifiés. La recherche d’un vaccin a été difficile, car le virus n’est pas cultivable. L’équipe de Philippe Maupas réussit toutefois à développer le premier vaccin en 1976 à partir de sérums et de plasmas des patients atteints d’hépatite B. Au début des années 1980, la technique est abandonnée au profit d’un nouveau procédé qui consiste à insérer un gène d’un virus dans une cellule (de levure, d’animal…) pour produire un antigène.

2007 – Vaccin contre les papillomavirus humains

En 2006 apparaît un vaccin contre les infections à papillomavirus humain. Il permet de réduire l’incidence du cancer du col de l’utérus. Depuis 2017, le Conseil supérieur de la santé recommande cette vaccination aux filles et aux garçons, pour se protéger également d’autres cancers et verrues génitales.

© C i E M / Isabelle Coston

Edward Jenner, le père de la vaccination

Alors qu’une épidémie de variole sévit en Europe au XVIIIe siècle, Edward Jenner, un médecin anglais, fait une découverte importante : une maladie bénigne des vaches, appelée la vaccine, ressemble à la variole. Il remarque que les fermières ne contractent pas la maladie bien qu’elles traient les vaches. Seuls leurs bras sont atteints de pustules. Il a alors l’idée d’inoculer le pus des vésicules de vaccine d’une laitière dans le bras d’un enfant de huit ans, James Philipps. Bien qu’il soit en contact avec des varioleux, ce dernier ne tombe pas malade. Jenner vient d’inventer la vaccination. 

John Snow, l’inventeur de l’épidémiologie

En s’intéressant aux facteurs environnementaux et sociaux liés au choléra sévissant à Londres en 1854, ce médecin anglais qui exerçait dans les quartiers pauvres devient le premier épidémiologiste. Il montre que le choléra ne se transmet pas par les miasmes mais par l’eau consommée par la population.