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La diète cétogène, un régime à ne pas prendre à la légère

Du gras, du gras, du gras… et beaucoup moins de sucre. Très strict, ce régime surnommé « kéto » compte de plus en plus d’adeptes, affichant des motivations variées. On fait le point sur les bénéfices prouvés et sur les risques encourus.

On lui prête de nombreuses vertus pour la santé et les performances sportives. Le régime cétogène est-il vraiment idéal pour garder la forme ? « À l’origine, dans les années 1920, il a été développé pour traiter les épilepsies résistantes aux traitements médicamenteux », rappelle le Pr Boris Hansel, endocrinologue-nutritionniste à l’hôpital Bichat à Paris et coordonnateur de la chaîne PuMS (Pour une meilleure santé) sur Youtube. Depuis, des études ont prouvé son efficacité dans ce cas thérapeutique, pour la réduction de la fréquence des crises.
Autre argument fiable en la faveur du régime cétogène : il favorise la perte de poids et améliore l’équilibre glycémique des personnes qui vivent avec un diabète.

Les graisses comme principale source d’énergie

En revanche, « nous n’avons aucune certitude qu’il soit le meilleur régime pour lutter contre les maladies chroniques, le vieillissement, etc. Aucune preuve ne soutient ces théories. Concernant la prévention du cancer, des études sont en cours, mais nous ne disposons pas encore de résultats qui permettent d’affirmer que le régime cétogène réduit le risque », insiste le Pr Hansel, devant le succès connu par l’alimentation « kéto » ces dernières années.
La diète fonctionne selon le principe suivant : on utilise deux à quatre fois plus de lipides que de protéines et de glucides. Des glucides qui, par ailleurs, ne doivent pas dépasser 50 g par jour – voire 20 g par jour dans un régime cétogène strict. On retrouve donc dans l’assiette quantité de crème, beurre, huiles et mayonnaise. À l’inverse, on réduit fortement les féculents (pâtes, riz, pomme de terre, pain…), les légumineuses (lentilles, pois et haricots secs), les fruits, les desserts sucrés, etc. Si le régime est suivi scrupuleusement, les réserves de glucose dans le corps deviennent insuffisantes pour couvrir les besoins en énergie. L’organisme utilise alors les graisses comme principale source énergétique, en les transformant en corps cétonique.

Une alimentation contraignante, avec des effets secondaires

Les repas comprennent donc moins de fibres, moins de vitamines et de minéraux… Des déficits en certains micronutriments, par rapport à ce qui est recommandé, peuvent apparaître. « Ce qui ne signifie pas qu’ils auront des conséquences sur la santé. Déficit ne veut pas dire carence », assure le Pr Boris Hansel. Des effets secondaires comme de la fatigue, des nausées ou de la constipation sont rapportés, « mais, pour la plupart des personnes, il n’y a pas de danger à court terme ». La question se pose sur le long terme, car les études manquent sur le sujet. Au-delà de quelques mois, on recommande un suivi médical. Pour les enfants épileptiques, le régime cétogène débute généralement dans le cadre d’une hospitalisation, afin de surveiller la tolérance et de former la famille.

Par ailleurs, ce type d’alimentation reste contre-indiqué pour les femmes enceintes et allaitantes, ainsi que dans certains types de diabète. Il s’avère aussi très contraignant au quotidien, difficile à suivre sur le long terme, et tolère peu les écarts.

Ainsi, adopté ponctuellement pour perdre quelques kilogrammes, il risque d’occasionner une prise de poids plus importante par la suite. Selon le médecin Boris Hansel, « le premier risque du régime cétogène est comportemental : vous mettez votre corps en restriction. Il se peut que vous arrêtiez tout d’un coup et connaissiez un rebond avec des compulsions alimentaires ». En théorie, lorsqu’on se lance dans un régime pour maigrir, il faudrait donc être prêt à s’alimenter ainsi « à vie ».

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Pour en savoir plus :

Évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement – Rapport d’expertise collective, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), 2010.

Martin-McGill KJ, Bresnahan R, Levy RG & Cooper PN, Les régimes cétogènes pour l’épilepsie pharmaco-résistante, Réseau Cochrane, 2020.