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La langue, cet organe sous-estimé

La langue joue un rôle fondamental dans notre quotidien. Instrument clé de la parole et de la digestion, elle intervient aussi dans notre respiration et même dans notre posture. Décryptage.

Manger, respirer, parler… et même se tenir debout : ces actions quotidiennes mobilisent la langue, un organe indispensable et pourtant méconnu. Composée de 17 muscles, elle est, proportionnellement à sa taille, l’un des organes les plus puissants du corps humain !

Un organe clé dès les premiers mois de vie

La langue commence à se former dès la 4e semaine de grossesse.  « Dans le ventre de la mère, elle est le premier organe opérationnel », explique Catherine Thibault, orthophoniste et auteure de La langue – La vie privée d’un organe très discret (l’Archipel). Elle précise : « Les mouvements antéropostérieurs [de l’avant vers l’arrière, NDLR] vont permettre le passage du stade embryonnaire à celui de fœtus, et rendre possible l’acquisition de la succion-déglutition, essentielle dès la naissance. » Elle intervient aussi dans la régulation de la posture. 

Entre le 9e et le 12e mois de vie, en même temps que l’enfant acquiert la position débout, la langue va l’aider à se tenir droit et à tenir sa tête. « En participant à la proprioception, c’est-à-dire la perception souvent inconsciente que l’on a de la position de son corps dans l’espace, elle aide à maintenir l’équilibre, résume l’orthophoniste. Elle est ainsi aussi importante que l’œil, l’oreille ou le pied ».

Un rôle crucial dans la digestion, la respiration et… la communication

Cet organe agit, en outre, dans le processus digestif. Il aide le mélange des aliments avec la salive, facilitant leur déglutition. Les 10 000 papilles présentes à sa surface permettent par ailleurs de  détecter les saveurs. « Cette fonction gustative influence nos choix alimentaires et, par conséquent, notre santé, indique la spécialiste. Notre alimentation est aujourd’hui trop molle, alors que mâcher des aliments solides permet d’éviter des problèmes à long terme en matière de mastication et de digestion ». De plus, son rôle est capital pour faciliter la respiration naturelle par le nez. À condition qu’elle soit bien positionnée : « C’est le cas lorsque, au repos, sa pointe est légèrement en contact avec le palais. À l’inverse, une respiration par la bouche est anormale et généralement liée à une mauvaise position, pouvant notamment entraîner des problèmes de santé buccale (inflammation des gencives, caries, etc.) », souligne l’orthophoniste.Enfin, la langue est également impliquée dans la parole. Grâce à sa flexibilité et à son contrôle musculaire, elle permet d’articuler et de former des sons et des mots. « Une mauvaise position linguale, souvent basse, peut de fait perturber l’élocution, comme un zozotement ou un chuintement », prévient Catherine Thibault.

Quand consulter ?

Une malposition dentaire, un palais trop petit, une mâchoire en décalage ou des problèmes d’élocution sont des anomalies qui doivent amener à consulter. Des ronflements la nuit ou des apnées du sommeil sont, par exemple, des signes à prendre en compte. Des séances de rééducation linguale avec un kinésithérapeute facial ou encore un orthophoniste pourront être mises en place pour rétablir le bon positionnement de la langue.

Constance Périn

La langue – La vie privée d’un organe très discret, Catherine Thibault, L’Archipel, 208 pages, 20 euros

Tétine, biberon : à limiter dès 3 ans

Le tic de succion répond à un besoin primaire. Mais à partir d’un certain âge, il peut empêcher la langue de maturer et gêner son bon positionnement. Cela peut entraver l’apprentissage de la parole et créer une déformation de la dentition. L’idéal est donc de profiter de l’entrée à l’école pour limiter l’usage de la tétine et du biberon.