La lymphe, un système méconnu
La lymphe joue un rôle essentiel concernant l’immunité et le nettoyage de l’organisme. Quand elle circule mal peuvent apparaître des pathologies, notamment les lymphœdèmes. Comment l’aider à remplir ses missions ? Les conseils d’un médecin vasculaire.
Liquide translucide, blanchâtre ou jaunâtre, la lymphe contient de l’eau, des protéines et leurs dérivés, des lipides, des glucides, des sels minéraux (sodium, potassium, chlore, calcium…), des déchets (urée, créatinine…) et joue trois rôles essentiels. « Elle agit d’abord comme un système de drainage en récupérant l’excès de liquide interstitiel, les toxines, les débris cellulaires, puis en les ramenant vers la circulation veineuse. Elle joue aussi un rôle clé dans la défense immunitaire car les ganglions lymphatiques filtrent la lymphe et hébergent les lymphocytes, qui repèrent et éliminent les agents pathogènes. Enfin, au niveau digestif, elle participe au transport des graisses absorbées dans l’intestin grêle, sous forme d’une lymphe particulière appelée chyle », explique le Dr Ariel Toledano, médecin vasculaire et auteur de plusieurs ouvrages dont Prenez soin de vos jambes (Ed. du Cerf).
La lymphe circule dans un système parallèle à celui du sang, composé de vaisseaux lymphatiques, de ganglions et aussi d’organes comme la rate et le thymus. Contrairement au sang, elle ne circule pas grâce à une pompe comme le cœur mais grâce aux mouvements musculaires, à la respiration et à la contraction des parois des vaisseaux lymphatiques.
Différentes pathologies sont liées à son dysfonctionnement. « La plus fréquente est le lymphœdème. Il s’agit d’un gonflement chronique, d’un membre inférieur ou d’un membre supérieur, dû à une accumulation de lymphe mal drainée. Il peut être primaire (congénital) ou secondaire, notamment après un traitement par curage ganglionnaire dans la prise en charge d’un cancer du sein », explique le spécialiste qui évoque aussi des problèmes infectieux, comme la lymphangite, se manifestant par des stries rouges sur la peau et une fièvre.
Comment stimuler la circulation lymphatique ?
Pour aider la lymphe à jouer son rôle, il faut s’hydrater régulièrement et boire au moins deux litres d’eau par jour afin de faciliter son transport et l’élimination des toxines par l’organisme. « Je recommande aussi de maintenir une activité physique régulière. Des exercices comme la marche, la natation ou encore le vélo sont particulièrement efficaces pour activer le système lymphatique », conseille le médecin vasculaire. Il reconnaît également l’intérêt du drainage lymphatique s’il est réalisé par un kinésithérapeute spécifiquement formé à cette technique. Le plus célèbre est celui mis au point, dans les années trente, par le médecin danois Emil Vodder. Il repose sur des pressions douces exercées pour réactiver le flux en dirigeant, de façon manuelle, la lymphe. « Les autodrainages, pratiqués en mouvements circulaires et ascendants – du bas vers le haut – en direction des principales zones de drainage comme les aisselles, l’aine ou le cou, peuvent également contribuer à relancer efficacement la circulation lymphatique », précise le médecin.
Enfin, des plantes peuvent aussi être utiles pour aider la lymphe à remplir ses différentes missions. « Certains compléments alimentaires à base de plantes drainantes renfermant des OPC (oligomères procyanidoliques) ou du mélilot, peuvent avoir un effet bénéfique », note le Dr Toledano. Les OPC sont des composés phénoliques appartenant à la classe des flavonoïdes, notamment présents dans les pépins de raisin ou le pin maritime. « Toutefois, il est toujours préférable de demander l’avis à son médecin traitant pour s’assurer qu’il n’y a pas de contre-indications », conclut-il.
Violaine Chatal

