Le 19 juin, à l’occasion de son 44ᵉ Congrès à Agen, la Fédération nationale de la Mutualité Française (FNMF) a annoncé le lancement d'États Généraux de la Santé et de la Protection Sociale. Un processus participatif inédit porté par son président, Éric Chenut, pour remettre la solidarité et la citoyenneté au cœur du débat public.

© Mutualité française/DR

La Mutualité française lance des États généraux de la santé et la protection sociale

Le 19 juin, à l’occasion de son 44ᵉ Congrès à Agen, la Fédération nationale de la Mutualité française a annoncé le lancement d’États généraux de la santé et de la protection sociale. Un processus participatif inédit porté par son président, Éric Chenut, pour remettre la solidarité et la citoyenneté au cœur du débat public, à l’approche de l’élection présidentielle de 2027.

Le jeudi 19 juin, au Parc des expositions d’Agen où s’est tenu le 44ᵉ Congrès de la Mutualité française, l’annonce a fait l’effet d’un marqueur politique fort. Éric Chenut, président de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) a officiellement lancé les États généraux de la santé et de la protection sociale. Il en a présenté les principales bases, en présence de Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles.

Face à une société traversée par des fractures sanitaires et sociales de plus en plus visibles, la Mutualité entend sortir du cycle des constats répétés pour entrer dans une phase de propositions et d’actions. En septembre 2024, elle appelait déjà aux changements en proposant des solutions concrètes pour répondre aux besoins de soins et de protection de la population (lire notre article).

L’objectif ici est n’est pas d’adapter mais de réformer en profondeur un système à bout de souffle, en engageant un dialogue citoyen à large échelle.

Une réponse démocratique pour refonder notre système de santé

Tout part d’un constat : « Aujourd’hui, la Sécurité sociale n’a plus les moyens de ses missions, avec un déficit de plus de 20 milliards d’euros, insiste Éric Chenut dans son discours, alors que nous ne sommes ni en crise économique, ni en crise sanitaire, force est de constater que le système de santé et le modèle social sont à bout de souffle à cause d’une gestion purement comptable et court-termiste ».

Ainsi, ces États généraux ne se veulent pas une concertation de plus, mais une démarche inédite dans sa forme comme dans son ambition. Ils visent à faire émerger des solutions concrètes, portées collectivement, et à redonner une voix aux usagers, aux patients, aux professionnels et à l’ensemble des acteurs de la société civile. « L’objectif sera de favoriser une approche globale et systémique, à la recherche d’efficience et de durabilité afin de traiter l’ensemble des sujets relatifs à la santé et à la protection sociale. », précise la Mutualité française dans son communiqué.

La méthode repose sur trois piliers :

  • une large consultation citoyenne via un questionnaire diffusé sur l’ensemble du territoire afin de recueillir leurs perceptions et l’expression des besoins ;
  • la tenue même des États généraux, avec des débats et réunions associant les partenaires afin de faire ressortir des solutions ;
  • et enfin la publication des conclusions sous forme d’un programme de réforme.

Le mouvement mutualiste, qui souhaite lancer la première étape dès l’automne 2025, espère ainsi peser dans le débat public qui précédera l’élection présidentielle de 2027, avec une ambition claire : défendre un modèle de solidarité universelle, soutenable et juste.

Une mobilisation transversale et inclusive

Si l’initiative émane de la Mutualité française, elle ne s’adresse pas qu’aux seuls mutualistes. Bien au contraire : syndicats, associations, professionnels de santé, institutions, citoyens… tous sont invités à s’approprier cette démarche. Il s’agit d’un processus de coconstruction, dans un moment où la défiance envers les institutions n’a jamais été aussi forte. « Plus qu’une concertation, il s’inscrit dans un processus de dialogue et de réconciliation entre les institutions, les pouvoirs publics et la population », indique la fédération.

Le spectre abordé est large : accès aux soins, prévention, vieillissement, financement, gouvernance du système, prévoyance… Les enjeux sont immenses, mais le pari est celui de l’intelligence collective. L’objectif : « bâtir ensemble le futur de notre cohésion sociale qui ne peut être basé que sur un système de santé et de solidarités juste, accessible à tous et protecteur », martèle le président de la FNMF, convaincu que seule une refondation démocratique permettra d’éviter le repli individualiste ou le renoncement aux soins.

Une réforme profonde et durable pour sauver notre système de santé

Alors que les discours alarmistes ou résignés sur l’avenir de la Sécurité sociale se multiplient, la fédération se veut optimisme. Le système n’est pas condamné, à condition de penser des solutions durables et partagées. Ces États généraux marquent ainsi une volonté de reprendre la main, non par le haut, mais à partir du terrain.

Pour la Mutualité française, le but est de « réformer en profondeur le système de santé et de protection sociale, de façon démocratique et durable, seule option pour garantir à long terme la protection de l’ensemble des assurés sociaux ».

À l’heure où la Sécurité sociale fête ses 80 ans, le symbole est fort. Loin de célébrer un modèle à l’arrêt, la FNMF appelle à sa transformation en profondeur. Car au-delà des chiffres, c’est une certaine idée de la solidarité à la française qui se joue : un pacte entre citoyens pour ne laisser personne au bord du chemin.