La rééducation vestibulaire pour retrouver l’équilibre
La rééducation vestibulaire permet d’atténuer ou de faire disparaître certains troubles de l’équilibre et vertiges. Le point sur cette pratique assurée par des kinésithérapeutes spécifiquement formés.
Le vestibule est une partie du labyrinthe (oreille interne). C’est un des capteurs de l’équilibre avec la vue et la proprioception (capteurs sensoriels situés sur les tendons, les muscles, les ligaments et les articulations). Il permet également, par le biais du réflexe vestibulo-oculaire, la stabilisation du regard pendant les mouvements rapides de la tête. « La rééducation vestibulaire est une rééducation indiquée pour des dysfonctions du vestibule, soit un déficit ou une sur‑stimulation qui se manifestent par des vertiges
et/ou une instabilité », explique le Dr Pierre Reynard, ORL et chirurgien cervico-facial à l’hôpital Édouard Herriot (Lyon). Son but est de récupérer le déficit du vestibule ou d’optimiser les mécanismes de compensation lorsqu’il n’est pas récupérable.
« Une autre branche de la rééducation vestibulaire consiste à rééduquer la stratégie d’équilibre lorsqu’il existe une discordance entre les différents capteurs de l’équilibre : sous-utilisation de l’un d’eux, le vestibule par exemple, ou une dépendance excessive à l’un des capteurs, à la vision par exemple, avec une gêne qui en découle », complète le Dr Pierre Reynard.
Dans quels cas cette rééducation est-elle indiquée ?
Les plus grandes causes de déficit vestibulaire sont la névrite vestibulaire, un déficit brutal aigu du vestibule probablement lié à une infection virale qui nécessite une rééducation vestibulaire très précoce. Les vertiges positionnels paroxystiques bénins, liés à un dépôt d’otolithes (petits cristaux) dans les canaux semi-circulaires du vestibule, nécessitent également des manipulations pour repositionner les débris d’otolithe. Enfin, la rééducation vestibulaire peut être indiquée pour la maladie de Menière causée par des modifications de l’endolymphe (liquide contenu dans l’oreille interne et qui assure son bon fonctionnement) et se manifestant par de grands vertiges, des fluctuations auditives et des instabilités entre les crises. « La kinésithérapie peut intervenir pour améliorer l’équilibre entre les crises », précise le médecin ORL. Une rééducation vestibulaire peut également se pratiquer dans le cadre d’une commotion cérébrale ou d’un déficit vestibulaire post-traumatique, après une fracture du rocher par exemple. « Le kinésithérapeute a besoin d’un diagnostic précis, le plus souvent fait par le médecin ORL pour savoir exactement quoi rééduquer et comment le faire », souligne le Dr Reynard. Le nombre de séances de rééducation dépend de la pathologie. Les vertiges positionnels paroxystiques bénins liés peuvent nécessiter seulement une ou deux séances de rééducation alors que la prise en charge peut être beaucoup plus longue dans la maladie de Menière ou la rééducation des stratégies d’équilibre avec des discordances entre les capteurs.
© C I E M / Anne-Sophie Glover-Bondeau
Les outils de la rééducation vestibulaire
- Elle met en œuvre des stratégies :
- d’adaptation dans le cas d’une névrite vestibulaire par exemple. Celle-ci expose progressivement la personne à des mouvements ou des situations qui déclenchent leurs symptômes vestibulaires, les aidant ainsi à s’habituer et à réduire leur réactivité à ces stimulis ;
- de substitution sensorielle ou comportementale qui vise à utiliser d’autres sens pour stabiliser l’équilibre ou le regard lorsque le déficit vestibulaire est permanent ;
- d’habituation avec un fauteuil rotatoire. L’objectif est de provoquer des mouvements rotatoires répétitifs qui déclenchent des vertiges chez les patients pour aider le système vestibulaire à s’habituer et à s’adapter à ces sensations.