Mieux prévenir les commotions cérébrales dans le sport
Les commotions cérébrales ont longtemps été perçues comme des incidents anodins dans le monde du sport. Mais aujourd’hui, face aux risques neurocognitifs et comportementaux qu’elles font courir, l’Académie de médecine tire la sonnette d’alarme. Elle appelle à une mobilisation collective sur le sujet.
Comment mieux protéger les sportifs des commotions cérébrales et de leurs conséquences ? C’est sur cette question que l’Académie nationale de médecine s’est penchée. Dans un communiqué publié le 5 décembre, elle plaide pour que leur prévention soit renforcée.
Tous les sports peuvent être concernés
Les commotions cérébrales se définissent comme des « lésions traumatiques du cerveau survenues au cours de la pratique sportive, dues à un choc direct soit au niveau de la tête, du cou, ou sur n’importe quelle autre partie du corps, et induisant une force impulsive appliquée au cerveau ». Elles représentent l’une des principales conséquences des traumatismes crâniens. Si les sports de contact — rugby, football, hockey — et les sports de combat — boxe, arts martiaux — sont en première ligne, aucune discipline n’est totalement épargnée. Pourtant, leur gravité a longtemps été minimisée.
Des traumatismes aux conséquences importantes
Or, les séquelles peuvent être importantes. Des troubles neurocognitifs, émotionnels et comportementaux peuvent survenir, parfois durablement, surtout en cas de répétition des chocs. D’ailleurs, dans un rapport adopté en février 2025, l’Académie estimait que : « De nombreux arguments épidémiologiques existent pour considérer que les CC peuvent être à l’origine de maladies neurodégénératives, encéphalopathie chronique traumatique, sclérose latérale amyotrophique ou maladie d’Alzheimer (lire notre dossier). »
De plus, chez les jeunes, dont le cerveau est en plein développement, la vulnérabilité est accrue. Dans le football par exemple, la pratique répétée des « têtes » chez les enfants et adolescents suscite de l’inquiétude. Plusieurs pays, comme le Royaume-Uni ou les États-Unis, ont ainsi déjà banni ou restreint ces exercices pour les moins de 12 ans. En France, une réflexion est en cours pour encadrer davantage cette pratique.
Une détection et un suivi médical variables
Toutefois, les commotions cérébrales restent sous-déclarées, malgré les campagnes de sensibilisation et les évolutions des règlements. « De nombreux cas demeurent non signalés, et donc non diagnostiqués, par méconnaissance ou par minimisation des premiers symptômes », note l’institution.
Du côté de la prise en charge, « le suivi médical post-commotionnel est encore trop aléatoire et de qualité variable, en particulier chez les jeunes sportifs », déplore l’Académie. Par ailleurs, la reprise précoce de l’activité demeure la norme alors même qu’elle engendre des risques supplémentaires.
Des mesures urgentes pour éviter les commotions cérébrales
Pour renforcer la sécurité des sportifs, l’Académie nationale de médecine formule plusieurs recommandations clés. Elle préconise, tout d’abord, d’encadrer les disciplines à risque. Dans les sports de combat, la règle des 10 secondes — qui permet à un athlète sonné de reprendre le combat — doit être tout simplement abolie. De même, toute chute consécutive à un coup à la tête devrait être assimilée à un knock-out (KO), entraînant l’arrêt immédiat du match.
Elle rappelle ensuite qu’une commotion cérébrale doit être considérée comme une urgence fonctionnelle. Elle nécessite donc une évaluation clinique immédiate, suivie d’une période de repos adaptée. Après une commotion, un protocole de reprise progressive doit être mis en place, intégrant des tests neurocognitifs de référence.
Elle encourage aussi la formation des acteurs du sport. Entraîneurs, arbitres et éducateurs doivent être en mesure de repérer les signes précoces de commotion cérébrale. Désorientation, confusion, troubles de l’équilibre, vision trouble, démarche ébrieuse, mauvaise coordination, regard vide ou absent, difficulté à suivre du regard un objet mobile… doivent immédiatement alerter.
Enfin, l’Académie insiste sur la responsabilité partagée. Ainsi, les ministères de la Santé, des Sports et de l’Éducation nationale, les fédérations sportives, le corps médical et les athlètes doivent unir leurs efforts pour une prévention réellement efficace.

