L’air et les poussières de nos habitations sont imprégnés par des pesticides, alors même que certains sont interdits depuis plusieurs années.

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Des pesticides dans l’air et les poussières de nos logements

L’intérieur des habitations est imprégné de nombreux pesticides, alors même que certains sont interdits depuis plusieurs années. C’est ce que révèle une nouvelle enquête publiée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire.

Une étude nationale inédite lève le voile sur la présence de pesticides dans les logements. Celle-ci a été menée par l’Observatoire de la qualité des environnements intérieurs (OQEI) et portée par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

Mieux connaître les pesticides

Le terme « pesticide » regroupe plusieurs types de substances. Il y a, tout d’abord, les produits phytopharmaceutiques qui protègent les végétaux et les cultures. Viennent ensuite les produits biocides destinés à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles. Et enfin, arrivent les antiparasitaires vétérinaires et humains. « Ces produits doivent satisfaire à des critères précis de sécurité sanitaire avant leur commercialisation et être utilisés selon des conditions d’emploi strictes pour limiter les effets indésirables sur la santé humaine et l’environnement, explique l’Anses. Détecter leur présence et mesurer leur niveau de concentration dans les lieux de vie est fondamental pour évaluer les expositions. »

C’est pour cela qu’entre novembre 2020 et février 2023, 571 foyers ont été passés au crible. Le but était de rechercher et quantifier la présence de 81 pesticides dans l’air et de 92 dans la poussière.

Quatre produits dans l’air de 80 % des habitations

Résultat : « plus de la moitié des pesticides cibles n’ont pas ou très peu été détectés dans l’air des logements enquêtés », constate l’Anses. En revanche, quatre produits phytosanitaires ont été identifiés dans plus de 80 % des domiciles. Il s’agit de deux insecticides (pour tuer les insectes) : le lindane et la transfluthrine. À ceux-là s’ajoutent de deux insectifuges (pour les repousser), le DEET et l’icaridine. De plus, le folpel, un fongicide (pour détruire les champignons), a été mesuré dans plus de 60 % des habitations. Tout comme le chlorprophame, un herbicide, présent dans 70 % des logements.

Au-delà de la simple détection, certaines concentrations dans l’air étaient supérieures à 10 nanogrammes par m3. C’est le cas pour le DEET, l’icaridine ou le lindane. « Toutefois, en l’absence de valeurs de référence ou de seuils réglementaires, il n’est pas possible de dire si l’exposition à ces concentrations représente ou non un risque pour la santé des occupants », précise l’Agence.

Des poussières contaminées

Pour ce qui est des poussières, 13 pesticides ont été découverts dans plus de 90 % des échantillons. Parmi eux, on compte le glyphosate (un herbicide controversé), le dicloran (un fongicide), l’acétamipride (un insectivide) ou encore le DEET. De même, la présence de quatre autres substances (le fipronil, le lindane, le pyriproxyfène et la transfluthrine) est attestée dans 50 % des logements.

Certains pesticides dépassent même des concentrations de 1 000 nanogrammes par gramme de poussière, sans que l’on sache, là non plus, si ces niveaux représentent un danger pour la santé.

Par ailleurs, la proximité de zones de culture et l’utilisation de ces produits à l’extérieur sont associées « à une teneur en général plus importante de glyphosate dans les poussières », constate l’Anses. Leur usage en intérieur est, quant à lui, lié à « une teneur en général plus importante de fipronil et de perméthrine dans les poussières ».

Des pesticides qui persistent dans le temps

Dans l’air comme dans les poussières, l’étude a permis de détecter des éléments qui font pourtant l’objet de restrictions d’emploi ou d’interdiction depuis plusieurs années. « Cela témoigne de leur persistance dans les milieux après utilisation, en particulier au sein des environnements intérieurs », indique l’Agence.

Ainsi, cette dernière recommande d’être vigilant vis-à-vis des meubles anciens et des charpentes en bois. Ceux-ci ont en effet pu être traités avec des biocides aujourd’hui interdits. Elle conseille également de ne pas utiliser les vieux stocks de produits.

Adopter les bons réflexes

Pour préserver un air intérieur sain, aérer 5 à 10 minutes par jour est la meilleure habitude. Cela permet d’évacuer les polluants (lire aussi notre article) et les pesticides. En complément, l’Anses préconise de nettoyer régulièrement les surfaces et d’aspirer les poussières.

Autant de gestes simples qui permettent ainsi d’agir en prévention et de limiter les éventuels risques pour la santé.