Peur des aiguilles : comment vaincre la bélonéphobie ?
Quand la peur des aiguilles devient si intense qu’on ne peut pas se raisonner, cette peur devient une phobie. C’est la bélonéphobie. Comment se manifeste-t-elle ? Peut-on la vaincre ?
De la peur à la phobie des aiguilles
Si vous avez la phobie des aiguilles, vous n’êtes pas seul : 5 % à 9 % des adultes (et des enfants) sont bélonéphobes, selon plusieurs études américaines1. « La différence entre la peur et la phobie, c’est qu’une peur, on réussit à l’amadouer pour la dépasser, explique Thierry Delcourt, médecin psychiatre et vice-président de l’Association française des psychiatres d’exercice privé (Afpep)2. Alors qu’une phobie est perçue, par le corps, comme une menace au sens propre du terme. »
La phobie des aiguilles n’est pas anodine. Elle conduit à un évitement des soins, comme les rappels de vaccin ou les prises de sang, pourtant essentielles dans le diagnostic de certaines maladies.
Comment cette phobie se manifeste-t-elle ?
Apercevoir une aiguille, ou ne serait-ce que l’imaginer, déclenche une anxiété immédiate. « Comme dans toutes les phobies, les manifestations sont à la fois psychiques et physiques, explique le Dr Delcourt. Physiquement et à divers degrés, la personne a des sueurs, le ventre noué, des palpitations cardiaques ou des vertiges. »
Quand la fréquence cardiaque s’accélère, l’organisme tente de compenser. Ce phénomène est appelé le réflexe vasovagal. Ce dernier peut conduire à une perte de connaissance.
Comprendre la source de son angoisse
Toute phobie ou angoisse est née d’un traumatisme. Si la bélonéphobie était déjà installée dans l’enfance, le psychiatre conseille de chercher du côté « d’un sentiment de culpabilité ». Il peut s’agir du sentiment de ne pas s’être senti à la hauteur lors d’un acte médical, par exemple. « Un enfant observe que ses parents écoutent davantage cette personne à la blouse blanche que ses propres émotions. Cela peut être déstabilisant pour un petit. Et il peut se sentir coupable de croire qu’il déçoit ses parents », analyse le psychiatre.
Comment vaincre la phobie des aiguilles ?
Parlez-en aux soignants sur place avant la prise de sang ou le vaccin. Ils vous aideront à surmonter votre angoisse en déplaçant votre attention sur un autre événement (grâce à l’hypnose, par exemple). Vous pouvez aussi anticiper la piqûre en demandant à votre médecin traitant une ordonnance pour un patch Emla (anesthésiant de surface).
Si vous souhaitez en finir avec cette phobie, contactez un psychiatre ou un psychologue formé aux thérapies comportementales cognitives et émotionnelles, très efficaces.
Si la personne phobique est un enfant, le psychiatre conseille aux parents « de dédramatiser la piqûre en amont en l’incluant à l’histoire du soir. Le jour de la piqûre, amenez un jouet qui va le distraire afin qu’il ne se focalise pas sur l’aiguille. ».
© C i E M / Vanessa Pageot
1. Craske, Antony & Barlow, 1997 ; Kleinknecht, 1987 ; Mark, 1988.
2. En savoir plus sur l’Association française des psychiatres d’exercice privé sur Afpep-snpp.org.