L’association UFC-Que choisir dénonce la flambée du coût des médicaments qui met à mal l’accès aux soins. Elle livre ses préconisations.

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Prix des médicaments : l’UFC-Que choisir demande plus de transparence

L’association UFC-Que choisir dénonce la flambée du coût des médicaments qui met à mal l’accès aux soins. Pour illustrer son propos, elle prend l’exemple de l’anticancéreux le plus vendu au monde avant de livrer ses préconisations.

« L’UFC-Que choisir dénonce un système qui met en péril l’accès aux soins », martèle l’association dans un communiqué. À travers l’exemple du pembrolizumab (Keytruda®), un anticancéreux, elle alerte sur la hausse importante des prix des médicaments. Il s’agit d’un « cas emblématique des dérives du marché pharmaceutique », selon elle.

Un monopole coûteux

Le Keytruda® est l’anticancéreux le plus vendu au monde. En France, son remboursement a coûté plus de 2 milliards d’euros en 2024. Cela représente 5,2 % des dépenses de médicaments remboursables. Il faut dire que celui-ci dispose d’un brevet qui assure son monopole jusqu’en 2031.

Dans le détail, près de 90 000 malades bénéficient de ce traitement dans le pays. Et son coût grimpe « jusqu’à 70 000 euros par patient et par an », indique l’association de consommateurs.

« Nous exigeons une transparence sur le prix de ce médicament, et des médicaments en général, insiste alors Marie-Amandine Stevenin, sa présidente. Cette transparence est d’autant plus nécessaire que des analyses indépendantes estiment qu’un prix équitable du Keytruda® pourrait se situer entre 52 et 885 euros, très loin des montants facturés à l’Assurance maladie. Dès lors, que payons-nous réellement ? »

Entre innovation et logiques financières

De leur côté, les laboratoires justifient ces tarifs par la valeur thérapeutique des traitements. Pourtant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne que ces prix reflètent davantage la capacité de paiement des systèmes de santé que l’efficacité réelle des médicaments.

Derrière ces montants, se cachent des stratégies financières agressives. « Achats et fusions-acquisitions menées à coups de dizaines de milliards de dollars, multiplications et prolongations des brevets et spéculations destinées à garantir des retours sur investissement pour des acteurs privés, bien souvent à partir d’innovations issues de la recherche publique », liste l’UFC-Que choisir.

Le cas du Zolgensma®, traitement contre l’amyotrophie spinale, illustre cette dérive. La recherche fondamentale nécessaire à son développement a été financée en grande partie par des fonds publics (Centre national de la recherche scientifique, AFM Téléthon). Malgré cela, son prix atteint près de deux millions d’euros pour une seule injection.

Finalement, les citoyens paient deux fois, déplore l’association. Une première fois via leurs impôts pour la recherche, une seconde via leurs cotisations à l’Assurance maladie pour le remboursement.

Des médicaments qui fragilisent le système de santé

Ces blockbusters – produits pharmaceutiques qui génèrent des ventes annuelles supérieures à 1 milliard de dollars dans le monde – affaiblissent lourdement le système de soins. Un état de fait que regrette UFC-Que choisir. En effet, chaque euro dépensé pour ces médicaments n’est pas investi dans les hôpitaux, les équipements ou pour le personnel soignant.

D’autant qu’en 2023, les dépenses en médicaments remboursables ont atteint 36,5 milliards d’euros. Pour absorber ces coûts, l’État impose plus d’économies sur les génériques et les biosimilaires, « pourtant essentiels et efficaces », assure l’association. « Résultat : désindustrialisation, délocalisations massives vers quelques usines en Asie, déjà saturées par la demande mondiale, et dépendance accrue, qui provoquent des pénuries récurrentes », poursuit-elle.

Enfin, près de 400 médicaments étaient en rupture de stock en France 2024. Des traitements vitaux pour l’hypertension, l’épilepsie ou certains cancers étaient concernés (lire aussi notre article). « Autrement dit, les blockbusters surpayés ne menacent pas seulement la soutenabilité financière, ils fragilisent dès aujourd’hui l’accès aux médicaments essentiels », ajoute l’association.

Obtenir des prix de médicaments plus justes

Pour faire évoluer cette situation, l’UFC-Que Choisir propose donc une réforme ambitieuse des politiques du médicament. Elle réclame une transparence totale sur les prix réels, les essais cliniques et les brevets. L’association souhaite aussi que des négociations européennes soient menées pour peser face aux laboratoires.

« Faire que les financements de la santé et des soins y soient pleinement consacrés, y compris dans la négociation des prix des médicaments », fait également partie de ses priorités. Tout comme l’activation de la licence d’office qui a pour but de protéger un intérêt de santé publique. Ainsi, les autorités publiques peuvent autoriser l’exploitation d’un brevet par une personne tierce, sans le consentement du titulaire.

Pour finir, l’UFC-Que Choisir estime qu’il est nécessaire de relocaliser la production des médicaments essentiels pour garantir leur approvisionnement. « L’accès aux meilleurs soins doit rester un droit universel, et non un marché captif au service des profits privés », défend-elle.