Quoi de neuf dans l’obésité ?
En matière d’obésité, renverser la tendance est urgent car, selon les projections européennes, 21 % des adultes seront obèses d’ici à 2030. Au-delà de la prise en soins comportementale sur le long terme – activité physique, alimentation équilibrée – et psychologique, de nouvelles pistes se concrétisent.
L’obésité est une maladie à part entière selon l’Organisation mondiale de la santé. « C’est l’accumulation excessive de graisse corporelle pouvant nuire à la santé, explique la journaliste d’investigation en santé Hélia Hakimi-Prévot, qui vient de publier un ouvrage « vérité » sur le sujet*. Même s’il est reconnu que l’indice de masse corporelle (IMC), qui définit l’obésité par des valeurs comprises entre 30 et 34,9 kg/m2 et même au-delà pour des formes sévères et morbides, n’est pas le critère le plus approprié (il ne renseigne pas sur la part qu’occupent la masse grasse et la masse maigre, ni la localisation de la masse grasse, un élément pourtant crucial), c’est le repère universel pour évaluer la corpulence d’un individu. »
En 2022, près de 8,5 millions – soit deux adultes sur dix environ – sont en situation d’obésité, soit une hausse de 13 % depuis 2012, et même de 66 % pour les formes les plus sévères. L’OMS parle d’épidémie, et les enfants ne sont pas épargnés avec, en 2017, 5 % des adolescents obèses. « Or, la probabilité qu’un enfant obèse le reste à l’âge adulte varie de 20 à 50 % avant la puberté, à 50 à 70 % après la puberté », prévient le Dr Barbara Chavannes, médecin généraliste et membre du groupe de travail des recommandations Haute Autorité en Santé 2022 sur l’obésité de l’enfant.
L’endoscopie devient métabolique
Alors que la chirurgie bariatrique est bien connue, le concept d’endoscopie métabolique est plus récent. Développée par les gastro-entérologues, elle s’adresse aux patients obèses moins sévères. L’endosleeve, la technique d’endoscopie métabolique la plus aboutie, repose sur le même principe que la sleeve gastrectomie chirurgicale qui est de réduire le volume du fundus (partie supérieure de l’estomac), mais cette fois-ci en procédant depuis « l’intérieur » et non chirurgicalement. Une étude 2022 a démontré que l’endosleeve permettait une perte de poids totale à un, deux et trois ans, d’environ 14 %. À ce stade, elle est prise en charge dans les CHU en tant que thérapeutique innovante.
Le ballon gastrique nouvelle génération
Un ballon gastrique nouvelle génération, placé dans l’estomac pour limiter la prise alimentaire, est proposé depuis quelques mois dans certains centres en France comme une aide ponctuelle pour activer la perte de poids. D’après le Dr Mathieu Miguet, chirurgien digestif (Pau), ce « starter motivationnel (durée de vie 4 mois) est destiné aux patients obèses modérés ou sévères dont l’IMC se situe 35 et 39,9 kg/m2, sans comorbidités, et qui n’entrent donc pas dans les indications de la chirurgie bariatrique ». Une étude a mis en évidence une perte de 13 kg en moyenne quatre mois après la pose du ballon gastrique.
De nouveaux médicaments disponibles
La prescription de nouveaux médicaments « perte de poids », très encadrée, peut constituer une aide en cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle. Trois médicaments sont depuis peu autorisés dans l’obésité dont deux déjà couramment employés dans le diabète de type 2 : le liraglutide est disponible depuis 2021 et le sémaglutide dispose d’une autorisation temporaire d’utilisation de cohorte. Le dernier arrivé est le setmélanotide qui dispose d’une autorisation d’accès précoce.
© C i E M / Hélène Joubert