Relation toxique : la reconnaître pour mieux s’en protéger
Quels sont les signaux d’alerte à repérer dès les premiers échanges pour vivre une relation épanouissante ? On fait le point avec Anne Latuille, thérapeute et autrice d’un livre sur le sujet.
Anne Latuille, thérapeute en psychotraumatologie, est l’autrice d’un guide* qui aborde les signaux d’alerte dans les relations amoureuses. Son objectif : ouvrir les yeux sur des comportements banalisés, souvent véhiculés par la culture populaire. « J’ai voulu mettre en lumière ce qui n’est pas normal pour éviter de tomber dans certains pièges », indique-t-elle. « Le guide était initialement destiné aux adolescents, ajoute-t-elle. C’est le livre que j’aurai aimé avoir à 17 ans. » Mais rapidement, son ouvrage a trouvé un écho plus large. « Finalement, il s’adresse à toute personne qui veut vivre une relation saine, jeune ou senior, homo ou hétéro, célibataire ou en couple », estime Anne Latuille.
« Red flags » : ces signaux qui doivent alerter
Elle y traite de ce que l’on appelle les red flags (drapeaux rouges, en anglais), autrement dit « tous ces signaux qui doivent alerter car ils révèlent un comportement toxique », explique la thérapeute. Parmi les plus courants : le ghosting, c’est-à-dire le fait de mettre fin à une relation et de disparaître sans explication ; le love bombing, qui consiste à déclarer son amour de façon exagérée pour séduire ; mais aussi le mépris, le contrôle, les comportements fluctuants, le jugement ou encore l’absence de remise en question. Et toutes ces attitudes néfastes ne se rencontrent pas qu’au sein du couple, mais également dans toutes les relations humaines (amitié, famille, travail, etc.).
Un impact sur la santé
Mieux les identifier permet de prévenir une déception amoureuse ou des blessures émotionnelles douloureuses. « D’autant plus que les relations toxiques peuvent avoir des conséquences dramatiques, tant sur la santé mentale que physique, et qu’il n’est pas toujours facile de s’en défaire », souligne Anne Latuille. Or, les applications de rencontre favorisent ces dérives. « Il y a une marchandisation de la rencontre et un déséquilibre fort, avec plus d’hommes que de femmes, constate la spécialiste. Tout y est fait pour séduire, puis maintenir l’autre accroché, même sans sincérité. »
Se faire confiance
Il faut donc être attentif et s’écouter. « Si à la fin d’un rendez-vous, vous vous sentez vide ou anxieux, ce n’est pas normal », rappelle-t-elle. Par ailleurs, la thérapeute évoque un autre point essentiel : « On ne peut pas sauver quelqu’un. On peut être là, soutenir, mais le travail doit venir de la personne elle-même. »
Anne Latuille recommande également de se focaliser sur les greens flags. « Il faut rester attentif aux signaux positifs : la bienveillance, l’écoute, la confiance, précise-t-elle. La congruence, c’est-à-dire quand les mots et les actes sont alignés, est aussi essentielle. »
Être seul n’est pas un échec
Anne Latuille appelle, en parallèle, à un changement de perspective. « La société est pensée pour les couples, considère-t-elle. Et pourtant, ils ne doivent pas être le centre de la vie. Il faut d’abord penser à soi, à ce qu’on veut. Et puis, une vie riche de connexions amicales, c’est aussi puissant. » La spécialiste va même jusqu’à expérimenter une année de célibat volontaire. « On apprend énormément sur qui on est, confie-t-elle. On se connecte mieux à soi, et aux autres. »
Constance Périn
*Red Flags en amour – Petit guide pour esquiver les relations toxiques, d’Anne Latuille, avec Jessie Magana, Maya Orhan (illustration), Syros, 128 pages, 12 euros.

