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Stress à l’école : comment le repérer et aider son enfant

Boule au ventre au moment de préparer le cartable, gorge nouée et maux de tête avant d’aller à l’école ? Votre enfant souffre peut-être de stress scolaire. Quels sont les facteurs de ce phénomène plus répandu qu’on ne le croit et qui gâche la vie de nombreux élèves ? Comment en repérer les signes et aider son enfant à le surmonter ?

Peur des mauvais résultats, du redoublement, de l’instituteur, du jugement des autres… Ces sentiments désagréables sont partagés par la plupart des élèves français : d’après l’enquête Pisa 2012 (OCDE), ils seraient deux fois plus anxieux que leurs petits camarades européens et auraient beaucoup moins confiance en eux. « Le stress numéro un d’un élève, c’est la peur de l’échec, explique Philippe Hindré, auteur du livre Réussir à l’école : moins de stress, plus de plaisir et conférencier sur la réussite scolaire. Même s’il y a de moins en moins de notes à l’école primaire aujourd’hui, les écoliers savent très bien se faire leur petit classement à eux. » Derrière cette peur de l’échec, il y a bien sûr la crainte de décevoir leurs parents. Angoissés par l’avenir, ces derniers transmettent souvent leur propre stress à leurs enfants. En exigeant constamment de bonnes notes et en stigmatisant les mauvaises, ils peuvent sans le vouloir induire une pression parfois bien difficile à supporter. « En agissant ainsi, on ne crée pas de l’intérêt pour l’école mais de la peur, poursuit Philippe Hindré. L’école devient une contrainte. On devrait plutôt transmettre l’envie de gagner et non pas la peur de perdre. »

L’importance de la relation enseignants-élèves

Une multitude d’autres facteurs peuvent expliquer le stress scolaire : par exemple de mauvais rapports avec l’instituteur. L’enquête Pisa le souligne : « Des relations enseignants-élèves positives et constructives […] peuvent être un levier clé grâce auquel l’école est en mesure de favoriser le bien-être social et affectif des élèves. » Si l’entente est bonne, ils sont « plus susceptibles d’indiquer se sentir bien à l’école, s’y faire facilement des amis et être satisfaits ». Autre source de stress pour nos enfants : les difficultés à s’intégrer à la classe, la peur d’être interrogé, d’aller au tableau, de susciter des moqueries ou encore d’être victime de harcèlement. « Cela peut aussi être beaucoup plus anodin, précise Philippe Hindré. Lorsque l’élève bute sur un exercice ou qu’il a du mal à apprendre ses tables de multiplication par exemple, il peut avoir l’impression de se trouver face à un mur, sans solution. Pour lui, c’est parfois très angoissant. Ce n’est pas tant la bataille qui lui fait peur, mais le fait de devoir retourner à l’école sans avoir les armes dont il a besoin pour se battre. » 

Être partie prenante de la scolarité de son enfant

Quelle que soit l’origine du stress, les conséquences ne sont pas anodines : maux de tête, boule au ventre, gorge nouée au moment de quitter la maison chaque matin, mais aussi découragement, fatigue, voire refus catégorique d’aller à l’école. Autant de signes qui doivent alerter. « Un enfant qui perd sa joie de vivre, son enthousiasme, se renferme, qui a du mal à parler de ce qu’il a fait dans sa journée, est un élève qui ne va pas bien, explique Philippe Hindré. Souvent, il va chercher à fuir la chose scolaire et se réfugier dans un autre monde, comme celui des jeux vidéo ou de la tablette. » Comment l’aider ? Pour le spécialiste, pas de secret : « Il faut absolument consacrer du temps à la scolarité de son enfant, même si ce n’est pas simple dans nos vies surmenées. » Lorsque les résultats sont bons, cinq minutes chaque soir suffisent : on parle de ce qui a été fait en classe et on l’aide à préparer son cartable. « Et quand ça ne va pas, on prend au minimum un quart d’heure pour revoir les leçons et vérifier les devoirs. On cherche à identifier les problèmes, on écoute et on discute pour trouver des solutions ensemble. La scolarité, c’est une équipe, et les parents en font partie. Leur regard et leur attention resteront toujours le premier carburant de l’enfant. Cela encourage sa motivation. » En parallèle, pensez aussi à l’activité physique et aux techniques psychocorporelles (voir l’encadré ci-dessus) qui peuvent considérablement l’aider à réduire son stress. Enfin, si les troubles persistent et s’aggravent (troubles du sommeil et du comportement alimentaire, phobie scolaire), n’hésitez pas à consulter un psychologue. 

© C I E M / Delphine Delarue

Pour en savoir plus :
Réussir à l’école : moins de stress, plus de plaisir, de Philippe Hindré (Hachette éducation). 
Souffrances à l’école : les repérer, les soulager, les prévenir, du docteur Nicole Catheline (Albin Michel). 
Philippehindre.blogspot.com : le blog de conseil en accompagnement scolaire de Philippe Hindré.
Ecolepositive.fr : site consacré au concept de l’école positive où l’on trouve notamment des exercices, conseils et astuces pour se sentir mieux à l’école.

Cohérence cardiaque : une technique qui a fait ses preuves

La cohérence cardiaque, une pratique ­respiratoire antistress, apporterait des bénéfices ­importants en termes de bien-être et de détente chez les enfants. C’est ce que montre une expérimentation menée en 2018 dans 8 écoles de l’académie de Poitiers. Pendant plusieurs semaines, 768 élèves (de la petite section de maternelle au CM2) ont pratiqué ces exercices de respiration (6 respirations par minute sur 5 minutes) guidés par des bandes sonores ou des petites vidéos. Les tests pratiqués après l’expérience ont révélé que le niveau de stress des enfants avait ­baissé, qu’ils avaient davantage confiance en eux, qu’ils étaient plus concentrés en classe et mieux organisés dans leur travail. Des effets similaires à ceux des études scientifiques ayant évalué les effets de la méditation de pleine conscience chez les enfants.