Troubles musculosquelettiques : 58 % des femmes et 51 % des hommes en souffrent
Une nouvelle étude confirme le niveau de prévalence élevé des troubles musculosquelettiques (TMS) en France. Ceux-ci représentent la première cause de perte de journées de travail. Pour freiner leur progression, Santé publique France préconise de mettre l’accent sur la prévention.
Les résultats inédits du baromètre de Santé publique France font état de chiffres inquiétants. Dans le pays, 58 % des femmes et 51 % hommes de 18 à 64 ans ont déclaré souffrir de TMS en 2021. Ces troubles regroupent l’ensemble des affections qui touchent les tissus autour des articulations (muscles, tendons, nerfs, vaisseaux, cartilages). Différentes causes expliquent leur survenue. « Outre certains facteurs de risque personnels, l’activité professionnelle joue un rôle majeur dans leur survenue, leur maintien ou leur aggravation, que ce soient des contraintes d’ordre biomécanique, psychosocial ou organisationnel », explique Santé publique France.
Lombalgies et TMS de l’épaule
Dans le détail, le baromètre révèle que la zone du corps qui est plus fréquemment touchée est le dos. En population générale, 47 % des femmes et 40 % des hommes se plaignent de maux de dos, et notamment de lombalgies. Chez les actifs en emploi, les proportions sont très proches, avec respectivement 48 % et 42 %.
Les TMS du membre supérieur concernent quant à eux 30 % des femmes et 27 % des hommes. Chez les actifs occupés, ce sont 31 % et 28 %. Cette fois-ci, ce sont les douleurs de l’épaule qui sont le plus fréquentes, devant celles du coude et le syndrome du canal carpien.
Des secteurs d’activité plus touchés par les TMS
Autre enseignement : certaines catégories socioprofessionnelles sont plus touchées que d’autres. C’est le cas des agriculteurs-exploitants et des ouvriers pour les deux sexes. Les artisans, commerçants et chefs d’entreprise sont surreprésentés chez les hommes et les employés chez les femmes. À l’opposé, les cadres et professions intellectuelles supérieures sont moins concernés, quel que soit le sexe.
Des conséquences pour le salarié et pour l’employeur
Les TMS sont à l’origine de douleurs et de gênes qui peuvent avoir un impact sur la vie quotidienne comme sur le travail. Mais à un stade avancé, ils peuvent engendrer des limitations, voire un handicap, et provoquer une réduction d’aptitude et un risque de rupture de la vie professionnelle. Pour les entreprises aussi, les TMS ne sont pas sans conséquences. Ils entraînent une baisse de la productivité et de la qualité, un absentéisme et des difficultés de reclassement notamment.
Ils pèsent aussi sur notre système de protection sociale. « En France, les TMS du membre supérieur et du dos représentaient 86 % des maladies professionnelles reconnues par le régime général de sécurité sociale en 2021, avec 40 852 cas », constate Santé publique France. L’institution estime d’ailleurs que le nombre est sous-estimé « en raison d’une part du caractère limitatif des tableaux de maladies professionnelles du régime général […] et d’autre part d’une sous-déclaration importante de ces pathologies ».
Les TMS constituent enfin la première cause de journées de travail perdues du fait des arrêts de travail. En 2017 — dernier chiffre en date —, 22 millions de journées d’arrêt ont eu lieu, à cause des TMS et du mal de dos.
De l’importance de la prévention
Pour enrayer le développement des TMS, les autorités sanitaires veulent mettre l’accent sur la prévention. Santé publique France préconise de « cibler prioritairement » certains secteurs d’activité qui varient selon les sexes et la localisation des douleurs.
Chez les hommes, l’institution vise l’industrie manufacturière, la construction puis l’administration publique. Elle ajoute le secteur des transports et de l’entreposage plus spécifiquement pour le syndrome du canal carpien et celui de l’agriculture, sylviculture et pêche pour l’épaule et les douleurs sciatiques.
Chez les femmes, Santé publique France recommande d’intensifier les efforts dans le secteur de la santé et de l’action sociale puis des transports et de l’entreposage, de l’enseignement et du commerce et de la réparation d’automobiles et de motocycles. Elle ajoute cette fois-ci à la liste l’administration publique pour les douleurs de l’épaule et du coude et l’industrie manufacturière pour le coude, là encore, et le syndrome du canal carpien.
Pour réduire les risques, des solutions existent. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) conseille ainsi, dans une nouvelle brochure, de mettre en place une démarche de prévention globale des risques professionnels. Celle-ci doit être fondée sur le respect des personnes, le dialogue social et la mise en place de bonnes pratiques. Il préconise de s’appuyer sur des solutions techniques, comme les exosquelettes (lire notre article), pour réduire les contraintes physiques. Il est également nécessaire d’envisager une réorganisation du travail ou encore de mener des actions de sensibilisation et de formation.
© C i E M / Léa Vandeputte