Personne insomniaque allongée sur son lit.

© Pixabay

Ces troubles qui empoisonnent le sommeil

Près d’un Français sur deux estime mal dormir et 40 % de la population souffrent de troubles du sommeil. Reconnaître les symptômes afin d’en identifier les causes est essentiel pour prendre le bon traitement et retrouver une meilleure qualité de vie. Focus sur trois des troubles les plus fréquents.

Le syndrome des jambes sans repos

Symptômes. Si vous ressentez fréquemment un besoin impérieux de bouger les jambes, des fourmillements, des picotements, des brûlures et des petites décharges électriques dans les mollets, voire dans les cuisses, peut-être souffrez-vous, comme 8,5 % des Français, du syndrome des jambes sans repos (SJSR, également nommé impatiences ou encore maladie de Willis-Ekbom). Ces symptômes se manifestent surtout le soir et la nuit lorsque vous êtes allongé, mais peuvent également survenir pendant la journée en position assise. Généralement, ils se calment lors de la mise en mouvement des jambes par la marche ou en pratiquant des étirements. Ce syndrome « s’associe souvent au cours du sommeil à des mouvements périodiques des membres inférieurs qui perturbent le sommeil, précise le Centre du sommeil de la vigilance de l’Hôtel-Dieu à Paris. La première plainte des patients est l’insomnie avec en particulier des difficultés d’endormissement ».
Causes. On connaît mal l’origine du SJSR. Néanmoins, les carences en nutriments essentiels (fer, acide folique, vitamine B12), l’insuffisance de dopamine dans certaines régions du cerveau et de la moelle épinière et la prise de certains médicaments (neuroleptiques, antidépresseurs, antihistaminiques, lithium) semblent jouer un rôle important. Ce syndrome est en outre associé à des maladies, comme le diabète, l’insuffisance rénale ou la polyarthrite rhumatoïde, et est aggravé par la consommation d’alcool, de tabac, de café, de thé, de chocolat, et également par la grossesse.
Traitements. Le choix du traitement dépendra du degré de sévérité du syndrome. Pour les formes les plus légères, une hygiène de vie saine (alimentation équilibrée, activité physique), des massages et des étirements avant de se coucher permettent généralement d’atténuer les symptômes. Si vous souffrez d’une forme plus sévère et que ces mesures ne suffisent pas, votre médecin pourra vous prescrire un médicament de la famille des agonistes dopaminergiques, censés pallier le manque de dopamine.

Les sueurs nocturnes

Symptômes. Comme leur nom l’indique, les sueurs nocturnes se caractérisent par une transpiration excessive pendant la nuit. Elles se manifestent soudainement et peuvent apparaître de façon ponctuelle ou se répéter plusieurs nuits de suite. Ces sueurs ont tendance à provoquer des réveils brutaux qui altèrent considérablement la qualité du sommeil. Chez certains patients, la transpiration est telle qu’ils doivent changer leurs draps et leur pyjama au beau milieu de la nuit. Mal reposés, ils peuvent ensuite être sujets à des somnolences pendant la journée, voire à de l’irritabilité et à des troubles de la concentration ou de l’humeur.
Causes. Plutôt fréquentes, les sueurs nocturnes ont de nombreuses origines. Lorsqu’elles sont ponctuelles, elles peuvent être causées par un excès d’alcool, la prise de certains médicaments (antidépresseurs, béta-bloquants, opioïdes…), une alimentation trop épicée, une activité physique pratiquée trop près du coucher ou encore un stress, notamment post-traumatique. Quand elles s’installent dans le temps, elles sont parfois liées à d’autres troubles, comme le syndrome des jambes sans repos ou les apnées du sommeil. Ces sueurs peuvent aussi avoir une origine hormonale (hyperthyroïdie, contraception, grossesse, ménopause) et, beaucoup plus rarement, être symptomatiques de pathologies graves, comme la tuberculose ou certains cancers (prostate, lymphome).
Traitements. En cas de sueurs nocturnes à répétition, n’hésitez pas à consulter votre médecin. Le diagnostic peut être difficile à poser et plusieurs examens (analyses sanguines, polysomnographie…) seront souvent nécessaires. En fonction des résultats, un traitement adapté pourra ensuite être mis en place. Si aucune maladie grave n’est en cause, de simples mesures peuvent suffire à améliorer les symptômes : dîner léger le soir sans alcool ni épices, exercices de respiration et de relaxation avant le coucher, pyjama en coton et température adéquate de la chambre (pas plus de 20°). À cela peuvent aussi s’ajouter un traitement hormonal si nécessaire ainsi que des séances de psychothérapie.

Cauchemars et terreurs nocturnes

Symptômes. Alors que les cauchemars se manifestent simplement par un réveil brutal et une anxiété qui perdure pendant quelques minutes, les terreurs nocturnes (qui touchent essentiellement les moins de trois ans) sont spectaculaires : en première partie de nuit, la plupart du temps pendant le sommeil profond, l’enfant s’agite brutalement dans son lit et se met à hurler de terreur. « C’est en général très impressionnant pour les parents, note le réseau Morphée, une association de professionnels de santé spécialisés dans les troubles chroniques du sommeil. L’enfant a les yeux ouverts, crie, marmonne des choses incompréhensibles et peut se débattre lorsque l’on essaie de le calmer. Il s’agit en fait d’un réveil incomplet. Au bout de quelques minutes, il va se rendormir tout seul. »
Causes. Les cauchemars mettent en scène nos craintes et notre mal-être intérieur, ils servent à évacuer les tensions, le stress et l’anxiété ressentis au cours de la journée. C’est la même chose pour les terreurs nocturnes : il s’agit également des cauchemars, mais pendant lesquels l’enfant peut se lever et faire des gestes pour chasser les choses qui lui font peur. Il réagit simplement à ce qu’il voit en rêve. Contrairement aux cauchemars classiques, l’enfant ne se souvient généralement pas de ce qui lui a fait peur pendant la nuit. Pour ne pas l’inquiéter inutilement, les psychiatres recommandent de ne pas lui en parler. À noter en outre que les terreurs nocturnes surviennent plus souvent chez les enfants qui manquent de sommeil.
Traitements. Pour les terreurs nocturnes comme pour les cauchemars, « il n’y a pas de traitement particulier », note le réseau Morphée. En cas de terreur nocturne, « il ne faut pas tenter de réveiller l’enfant à tout prix » : cela risquerait de le perturber davantage, voire de le désorienter. Les médecins recommandent plutôt de le laisser se calmer seul. Pour prévenir les épisodes, veillez à « bien respecter des horaires de sommeil réguliers et de quantités suffisantes ». Si les crises se répètent fréquemment, par exemple plusieurs nuits de suite, n’hésitez pas à en parler à votre médecin. Quelques consultations chez un psychologue aideront peut-être l’enfant à se débarrasser d’une angoisse tenace.

© C i E M / Delphine Delarue