Derrière le cancer, une souffrance mentale souvent ignorée
Les troubles psychiques sont dix fois plus fréquents chez les personnes atteintes de cancer que chez le reste de la population. Face à ce constat, la Fondation Arc propose des solutions pour aider les malades à prendre soin d’eux.
Ce 10 octobre marque la Journée mondiale dédiée à la santé mentale. À cette occasion, la Fondation Arc s’est intéressé à celle des personnes atteintes de cancer. Et le résultat est sans appel. Ces dernières sont dix fois plus touchées par les troubles psychiques que le reste de la population (lire aussi notre article). « Dépression, anxiété, stress post-traumatique… la souffrance psychique constitue une véritable “double peine” pour les malades du cancer », regrette la Fondation Arc dans son communiqué. Celle-ci souhaite alors aider les malades et leurs proches à mieux reconnaître les signes de souffrance afin d’améliorer la prise en charge.
Une santé mentale en berne qui peine à se rétablir
Le diagnostic de cancer est un choc qui bouleverse toutes les dimensions de la vie du patient. Entre 25 à 50 % d’entre eux développent ainsi une dépression au cours de leur parcours. Un tiers souffre même d’anxiété persistante. Chez les adolescents atteints d’un cancer (lire aussi notre article sur la santé mentale des jeunes), un quart présente des symptômes dépressifs et/ou anxieux.
Dans ce cataclysme, les proches non plus ne sont pas épargnés. Trois aidants sur quatre déclarent ainsi se sentir stressés et épuisés, et un tiers souffre de troubles du sommeil.
Cet état de fragilité psychique tend à perdurer dans le temps. Aussi, un patient sur cinq continue de présenter un syndrome de stress post-traumatique (SSPT) dans les mois suivant le diagnostic. Par ailleurs, un tiers des malades rapportent une dégradation durable de leur santé mentale, cinq ans après le début des traitements. D’autre part, chez un patient sur dix, le SSPT perdure plus de quatre ans après l’annonce du diagnostic. Enfin, plus 12 % des adultes ayant eu un cancer adolescent gardent des séquelles psychiques.
Des conséquences lourdes
Loin d’être anecdotiques, ces souffrances invisibles ont des conséquences lourdes sur le bien-être des patients. Elles engendrent baisse de moral, repli social, épuisement émotionnel… « La santé mentale a pris une importance sociétale majeure ces dernières années, et est considérée comme un “sixième signe vital” en particulier pour les malades du cancer », constate Éric Solary, vice-président de la Fondation Arc. De plus, s’ils ne sont pas pris en charge, les troubles psychiques peuvent également avoir un impact direct sur leur maladie. Ils freinent en effet l’adhésion aux traitements et amplifient les effets secondaires (douleurs, fatigue, nausées). Ils prolongent également les hospitalisations et altèrent la relation patient-médecin.
Dans ce contexte, « identifier les patients tôt est essentiel pour leur offrir un accompagnement adapté dès les premiers signes de fragilité psychologique, souligne Antonio Di Meglio, oncologue à Gustave Roussy et spécialiste du cancer du sein. Une prise en charge précoce améliore l’adhésion aux traitements et la qualité de vie tout au long du parcours de soins. »
Une brochure pour aider les malades à trouver des solutions
La Fondation Arc souhaite ainsi aider les malades à repérer les signes de fragilité. Elle entend aussi les encourager à prendre soin de leur bien-être mental. Pour ce faire, elle vient d’éditer une brochure inédite intitulée Prendre soin de sa santé mentale.
Elle est gratuite et accessible sur son site. Celle-ci propose des outils pratiques, des témoignages, et des ressources à destination des patients et de leurs familles. L’objectif est de rompre l’isolement et de favoriser une meilleure prise en charge psychologique.
« Avec notre nouveau guide Prendre soin de sa santé mentale, nous voulons donner des clés concrètes aux patients et aux soignants pour reconnaître, comprendre et accompagner ces troubles », commente Éric Solary.
La Fondation ARC rappelle ainsi que soigner le corps ne suffit pas. L’équilibre psychique constitue un levier essentiel de la guérison. Reconnaître, écouter et accompagner la souffrance mentale des malades, c’est aussi leur offrir de meilleures chances de surmonter la maladie.