La campagne de communication de Santé publique France insiste sur l'importance du dépistage, mais également de la prévention, dans la lutte contre le VIH.

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Dépistage et prévention : les deux piliers de la lutte contre le VIH

Alors que l’année 2023 marque les 40 ans de l’identification du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), le dépistage et la prévention demeurent deux armes efficaces pour mettre fin à l’épidémie. Un message qu’il est important de continuer à véhiculer pour les autorités sanitaires comme pour les associations.

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida qui s’est déroulé le 1er décembre, tous les acteurs du monde de la santé se sont mobilisés. Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est toujours là et le dépistage et la prévention restent indispensables pour s’en prémunir. Ce rappel est d’autant plus important que l’année 2023 marque également le 40e anniversaire de l’identification et de la description du virus. Les chercheurs français Luc Montagnier et Françoise Barre-Sinoussi ont fait cette découverte en 1983.

Des dépistages du VIH en hausse mais des découvertes trop tardives

Aujourd’hui, le dépistage est toujours un élément capital de la lutte contre le VIH. Il favorise un diagnostic précoce et donc la mise en place rapide des traitements antirétroviraux.

Les données de surveillance, publiées par Santé publique France, montrent une augmentation des dépistages depuis la fin de la pandémie de Covid-19. Au total, 6,5 millions de sérologies ont été réalisées en 2022, contre 6,34 millions en 2019, un record. Il faut savoir que depuis janvier 2022, il est possible de se faire dépister gratuitement en laboratoire et ce, sans prescription médicale.

Toutefois, 43 % des infections ont été découvertes à un stade avancé. « Or, une découverte tardive de la séropositivité constitue une perte de chance pour la prise en charge individuelle et représente aussi un risque accru de transmission aux partenaires avant une mise sous traitement antirétroviral », constate le ministère de la Santé.

Par ailleurs, en 2022 toujours, on estime qu’entre 4 200 et 5 700 personnes ont découvert leur séropositivité . Un chiffre en augmentation après la forte baisse observée en 2020. Celui-ci « reste toutefois inférieur à ceux observés ces dix dernières années, notamment chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes », note le ministère.

Des préservatifs gratuits pour les moins de 26 ans

Mais le meilleur moyen pour ne pas être confronté à cette situation est d’éviter la contamination grâce aux traitements préventifs. La prophylaxie pré-exposition (Prep) s’adresse aux personnes séronégatives de plus de 15 ans exposées au VIH. Un médecin hospitalier ou de ville peut la prescrire de manière continue ou ponctuelle.

On peut aussi compter sur les barrières physiques : les préservatifs. Depuis le 1er janvier 2023, les moins de 26 ans peuvent obtenir des préservatifs masculins gratuitement en pharmacie. Il suffit, pour les majeurs, de présenter sa carte Vitale, une attestation de droits ou une pièce d’identité. Les mineurs doivent quant à eux remplir une simple déclaration sur l’honneur. Deux marques seulement sont à ce jour éligibles à ce dispositif issu du projet de loi de finance de la Sécurité sociale pour 2023 (lire notre article). Pour les plus de 26 ans, l’Assurance maladie rembourse à ces préservatifs 60 % ces préservatifs, mais uniquement sur ordonnance.

En matière de prévention, les préservatifs internes ou féminins sont aussi efficaces. Ils présentent l’avantage de pouvoir être mis plusieurs heures avant un rapport sexuel. Citons également les digues dentaires ou carrés de latex, qui protègent lors du sexe oral.

VIH et IST : une prévention combinée

Ces outils de protection contre le VIH sont d’ailleurs tout aussi utiles pour lutter contre les autres infections sexuellement transmissibles (IST). Santé publique France constate en effet une augmentation des diagnostics d’infection à Chlamydia trachomatis, à gonocoque et de syphilis ces dernières années. C’est pour cela que l’institution diffuse depuis le 24 novembre le second volet de sa campagne « Tout le monde a des questions sur la sexualité ». Celle-ci insiste sur l’importance de la prévention combinée du VIH et des IST. « La lutte contre le VIH et les autres IST est un enjeu de santé publique, chacun peut agir pour stopper la transmission de ces infections », insiste sa directrice, Caroline Semaille (lire notre interview réalisée lors de sa prise de fonction).

Déclinée en spots vidéo et en affiches, la campagne retranscrit les questions les plus courantes sur la protection contre les IST. Elle fait également la promotion des outils de prévention disponibles.

Encore des idées reçues sur le VIH

Informer le grand public est essentiel tant les idées reçues ont la vie dure. Elles « n’ont jamais été aussi présentes dans les esprits des 15-24 ans », observe Florence Thune, directrice générale de Sidaction. L’association a dévoilé le 29 novembre, les résultats de son sondage annuel et ils sont inquiétants. Ainsi, 30 % des 15-24 ans pensent que le virus peut se transmettre en embrassant une personne séropositive (+ 13 points par rapport à 2022). Un quart des jeunes estime que le VIH se transmet en s’asseyant sur un siège de toilettes publiques (+ 8 points), en buvant dans le verre d’une personne séropositive (+ 10 points) ou en partageant la même assiette (+ 10 points). Un tiers pense de plus qu’il existe un vaccin ou un traitement pour guérir.

Mais ce n’est pas tout : « La stigmatisation que ces préjugés engendrent est plus que préoccupante », ajoute Florence Thune. Un tiers des Français serait par exemple mal à l’aise à l’idée de partir en vacances avec une personne séropositive. Plus d’un quart des 15-24 ans pense qu’une personne séropositive sous traitement peut représenter un danger pour les autres. Ils seraient même 31 % à refuser de parler à leur entourage de leur séropositivité (dont 41 % par honte).

C’est pour mettre fin à toutes ces idées préconçues que l’association a elle aussi lancé une campagne choc « Les clics de la tentation : quand le putaclic fait de la prévention ». À travers un site internet, Lesclicsdelatentation.fr, et une vidéo qui reprend les codes de la téléréalité ou des réseaux sociaux pour les détourner, elle entend sensibiliser les plus jeunes. Un travail nécessaire mais qui doit se poursuivre dans la durée.

© C i E M / Léa Vandeputte