© Guillaume Mussau

Hôtels solidaires contre le gaspillage et pour le partage

Récompensée lors des Grands Prix de la finance solidaire 2022, l’association Les Hôtels solidaires collecte des viennoiseries, des produits d’hygiène et de literie (draps, meubles, matelas) pour les personnes en situation de précarité. Une façon aussi de prendre soin de la planète, dans un secteur où le gaspillage questionne.

Que faire de ces milliers de viennoiseries non consommées dans le secteur hôtelier ou de ces échantillons d’hygiène à peine ouverts et déjà jetés à la poubelle ? Cette question, le cofondateur des Hôtels solidaires se l’est posée après être devenu veilleur de nuit. De cette volonté de lutter contre le gaspillage mais aussi, et surtout, de venir en aide aux personnes dans le besoin, il crée en 2018 Les Hôtels solidaires. L’objectif : récupérer puis redistribuer ces produits dans des associations, foyers, hébergements d’urgence ou aux personnes sans domicile fixe.

65 000 produits d’hygiène et 20 tonnes de literie récoltés en 2022

Pendant deux ans, l’association se développe à Paris, puis à Rennes, grâce à son réseau d’hôtels partenaires. De prestigieux palaces notamment, qui comptent aujourd’hui parmi les principaux donateurs, renouvellent fréquemment leur literie ou leurs draps pour garantir un certain standing à leurs clients, sans savoir quoi faire de ces produits encore en très bon état. 

En parallèle, elle a tissé un réseau de bénéficiaires au sein de structures comme des foyers d’urgence ou des centres d’hébergement, gérés par des associations telles Emmaüs Solidarité, l’Armée du Salut et Aurore. « Face aux problèmes d’hygiène, et notamment de punaises de lit, ces structures sont en demande constante de matériels, et profitent désormais de produits de qualité, avec des matelas de 26 cm d’épaisseur qu’elles n’auraient jamais pu s’offrir », se réjouit la directrice de l’association, Karine Sadaka.

Les Hôtels solidaires se chargent de toute la logistique, portée par ses six salariés – dont cinq personnes en réinsertion – et ses 80 bénévoles qui assurent chaque semaine les collectes et la redistribution.

Créer du lien social

Mais en 2020, le Covid-19 et la fermeture des hôtels viennent brutalement freiner cet élan. L’équipe rebondit et en profite pour lancer en 2021 l’Atelier Solidaire. Les linges hôteliers constituent une bonne matière première réexploitable pour créer de nouveaux produits. « Ces ateliers d’initiation à la couture rencontrent un réel succès et sont vecteur de lien social, explique la directrice. On a récemment accueilli de jeunes adultes autistes, des mineurs isolés, et des femmes de la Maison des femmes venus pour apprendre à coudre, mais aussi échanger ». Sacs, pochettes et baluchons sont créés puis proposés à la vente aux partenaires et aux associations. 

Aider le plus grand nombre

Poursuivant sa réflexion, l’association souhaiterait désormais utiliser les chambres d’hôtel inoccupées pour répondre de façon ponctuelle à des besoins d’hébergement. Mais face à l’ampleur du projet et à la crainte de certains hôtels partenaires, le projet est mis sur pause. « Nous devons voir comment créer avec les partenaires le format d’accueil le plus optimal possible », explique Karine Sadaka.

L’équipe aimerait aussi étendre son champ d’action dans d’autres villes, mais se heurte cette fois-ci à un souci financier : « L’envie et les besoins sont là, mais l’association dépend des subventions et des aides, et ouvrir une nouvelle antenne demande une grande logistique, un lieu de stockage, un véhicule… », constate la directrice.

Actuellement, l’association travaille avec une soixantaine d’hôtels parisiens, et « avec les 2 000 hôtels que compte la région parisienne, il y a du potentiel», s’exclame Karine Sadaka, toujours motivée à trouver de nouveaux partenaires pour venir en aide au plus grand nombre.

© C i E M / Constance Périn