L’Académie nationale de médecine, une institution du monde de la santé 

En 200 ans, l’Académie nationale de médecine a connu de nombreuses évolutions. Cette assemblée de médecins, de diverses spécialités, a aujourd’hui pour mission de répondre aux questions susceptibles de contribuer aux progrès de l’art de guérir.

1820. Création de l’Académie royale de médecine

L’Académie royale de médecine est instituée par Louis XVIII, sous l’impulsion d’Antoine Portal, premier médecin du roi. Elle est l’héritière de l’Académie royale de chirurgie, fondée en 1731 sous Louis XV, et de la Société royale de médecine, née en 1778 sous Louis XVI. L’Académie a pour mission de « répondre aux demandes du gouvernement sur tout ce qui intéresse la santé publique, et principalement sur les épidémies, les maladies, particulières à certains pays, les épizooties, les différents cas de médecine légale, la propagation de la vaccine, l’examen des remèdes nouveaux et des remèdes secrets, tant internes qu’externes, les eaux minérales naturelles ou factices »,indique l’Ordonnance royale du 20 décembre 1820. « Elle s’occupera de tous les objets d’étude ou de recherche qui peuvent contribuer au progrès des différentes branches de l’art de guérir », y est-il précisé.

XIX^e. Un haut lieu scientifique

L’Académie a joué un rôle crucial dans plusieurs avancées médicales. Elle contribue à la lutte contre les épidémies et soutien des recherches pionnières en matière de vaccination par exemple. Parmi les grandes figures de l’époque, Louis Pasteur va y démontrer que ce sont bien les microbes qui sont responsables des maladies infectieuses, devant ses détracteurs. Il va aussi participer à la mise en œuvre de mesures d’hygiène et de prévention. Citons également Alfred Velpeau – connu pour les bandages qui portent son nom (« bandes Velpeau ») – qui y a disserté sur l’anesthésie et la réanimation puis, notamment, sur les effets de l’éther.

1902. Installation rue Bonaparte (Paris, VI^e)

L’Académie de médecine s’installe d’abord à la faculté de médecine de Paris, puis rue de Poitiers et ensuite dans la chapelle de l’hôpital de la Charité, rue des Saints-Pères. S’y trouvant trop à l’étroit, elle commande à l’architecte Justin Rochet – qui construira aussi l’hôpital de la Pitié – un bâtiment. En 1902, l’Académie s’installe donc au 16, rue Bonaparte dans le VI^e arrondissement de Paris. En 1992, le bâtiment est classé monument historique. Il est surtout reconnu pour sa façade et sa toiture sur rue, son grand escalier, la salle de lecture de sa bibliothèque où sont conservés tous les documents et archives, la grande salle des séances et la salle des bustes des médecins illustres.

1947. L’Académie nationale de médecine

Par une décision du 29 janvier 1947, l’Académie royale de médecine devient l’Académie nationale de médecine. Au cours du XX^e siècle, l’institution continue d’évoluer. Elle intensifie ses collaborations internationales. Elle joue également un rôle crucial dans l’établissement des politiques de santé publique en France sur la prévention des maladies, la sécurité des médicaments ou encore les pratiques médicales.

2013 . Les statuts actuels de l’Académie

Cette année-là, la loi relative à l’enseignement supérieur et à la recherche actualise les statuts de l’Académie. L’article 110 précise ainsi : « L’Académie nationale de médecine est une personne morale de droit public à statut particulier, placée sous la protection du Président de la République. Elle a pour mission de répondre, à titre non lucratif, aux demandes du Gouvernement sur toute question concernant la santé publique et de s’occuper de tous les objets d’étude et de recherche qui peuvent contribuer aux progrès de l’art de guérir. […] L’Académie nationale de médecine s’administre librement. Ses décisions entrent en vigueur sans autorisation préalable. Elle bénéficie de l’autonomie financière sous le seul contrôle de la Cour des comptes. »

Ces nouveaux statuts sont similaires à ceux des cinq académies de l’Institut de France : l’Académie française, l’Académie des inscriptions et des belles-lettres, l’Académie des sciences, l’Académie des Beaux-Arts et l’Académie des sciences morales et politiques.

2020. Bicentenaire et l’épidémie de Covid-19

Alors que l’Académie s’apprête à fêter son bicentenaire, la pandémie de Covid-19 survient. Si le 12 février 2020, elle appelle « à relativiser ce type d’épidémie », elle se dit prête à « contribuer à l’effort collectif actuel visant à limiter la propagation du virus dans notre pays »dès le 9 mars. Elle créera d’ailleurs une cellule de veille scientifique dédiée le 19 mars. Elle émettra ensuite plusieurs avis et communiqués sur le port du masque et les gestes barrières, les tests diagnostiques ou encore la vaccination.

2024. La première femme présidente

La professeure Catherine Barthélémy est la première femme à présider l’Académie nationale de médecine. Son mandat court tout au long de l’année 2024. Un an auparavant, elle en était devenue vice-présidente, après avoir assuré le secrétariat du Comité d’éthique. Médecin pédiatre et psychiatre, Catherine Barthélémy est une pionnière de la recherche sur l’autisme. En 2016, elle reçoit ainsi le Prix d’honneur de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) pour ses travaux sur les mécanismes cérébraux de l’autisme.

Sources : Académie nationale de médecine, Academie-medecine.fr et sa bibliothèque, Bibliotheque.academie-medecine.fr ; « Plongez au cœur de l’Académie Nationale de Médecine ! », vidéo de What’s Up Doc ?, 15/01/2025 ; Pop.culture.gouv.fr, la plateforme ouverte du patrimoine du ministère de la Culture ; « Justin Rochet, architecte de l’hôtel de l’Académie et de la Pitié », article du Quotidien du médecin, 18/09/2002 ; Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Benoît Saint-Sever