Moelle osseuse : l’espoir de trouver des donneurs à La Réunion
L’Agence de la biomédecine relance une campagne de recrutement de donneurs de moelle osseuse. Elle communique notamment auprès des habitants de La Réunion, où le métissage est très présent. Et cette richesse peut permettre de sauver de nombreux patients.
« La diversité présente à La Réunion est un atout clé pour aider les malades en attente de greffe de moelle osseuse. » C’est le message clé que veut faire passer l’Agence de la biomédecine aux habitants de l’île. Avec le CHU de La Réunion et l’Agence régionale de santé (ARS), elle veut les convaincre de s’inscrire sur les registres de donneurs de moelle osseuse.
Un patrimoine génétique unique au service des malades
Les habitants de La Réunion sont en effet issus de divers horizons culturels et ethniques (Cafres, Malbars, Yabs, Zoreils…). Ils détiennent donc des profils génétiques souvent rares et recherchés pour les greffes de moelle osseuse. Car, trouver le bon donneur, synonyme de guérison, est un défi. Ce dernier doit être compatible, c’est-à-dire posséder des caractéristiques génétiques précises, souvent liées aux origines familiales.
« Il existe une véritable richesse ethnique sur l’île, les Réunionnais doivent prendre conscience du rôle clé qu’ils peuvent jouer pour aider à guérir des patients atteints de maladies graves du sang comme les leucémies, estime la docteure Patricia Zunic, responsable du service d’hématologie clinique et de thérapie cellulaire et médecin greffeur au CHU de La Réunion. Leurs profils sont uniques et très recherchés, ils pourraient avoir un impact considérable en s’inscrivant sur le registre national de donneurs de moelle osseuse. » « Et plus il y aura de la diversité parmi les profils inscrits sur le registre national des donneurs de moelle osseuse et plus les chances de trouver un donneur compatible pour chaque malade augmenteront », complète la docteure Catherine Faucher, directrice Prélèvement et greffes de cellules souches hématopoïétiques (cellules de la moelle osseuse) à l’Agence de la biomédecine.
Lutter contre les idées reçues sur le don de moelle osseuse
À la fin de l’année 2023, 4 500 Réunionnais étaient inscrits sur le registre national (sur un total de 385 000 au niveau national). Fin octobre 2024, 125 nouveaux inscrits ont été comptabilisés (sur 12 830 au total). Malheureusement, ces chiffres restent insuffisants.
Ils s’expliquent, en partie, par les confusions et les idées reçues qui perdurent. Selon un sondage Viavoice réalisé en mars 2024, 67 % des Réunionnais déclarent avoir déjà entendu parler du don de moelle osseuse. En revanche, seulement 20 % d’entre eux se sentent bien informés sur ce sujet.
Par ailleurs, 41 % des personnes interrogées associent spontanément le don de moelle osseuse à un prélèvement dans la colonne vertébrale. Or, la moelle osseuse n’a rien à voir avec la moelle épinière. En réalité, 80 % des dons se font par prélèvement sanguin. Ce geste, quasi indolore, est similaire à un don de sang (lire notre article). Dans les 20 % restants, le prélèvement est effectué sous anesthésie générale dans les os du bassin. Les cellules prélevées, indispensables pour la greffe, se régénèrent naturellement en quelques jours.
Les Réunionnais semblent également méconnaître les critères de don. Bien que 75 % des sondés sachent qu’il repose sur la compatibilité génétique, peu connaissent l’importance d’avoir une diversité de profils. Plus les donneurs sont issus de groupes ethniques variés, plus les chances de sauver des vies augmentent.
Les jeunes hommes particulièrement ciblés
En France, environ 2 000 patients ont besoin d’une greffe de moelle osseuse chaque année. Pourtant, le délai pour trouver un donneur est long. Certains malades ne trouvent d’ailleurs jamais leur « jumeau de moelle ». La contribution des Réunionnais pourrait ainsi changer la donne à l’échelle nationale.
Les jeunes sont tout particulièrement ciblés par la campagne. Les greffons prélevés sur des donneurs âgés de 18 à 35 ans sont en effet plus riches en cellules souches. Cela augmente les chances de succès des greffes. De plus, un donneur inscrit à 20 ans reste potentiellement disponible jusqu’à 60 ans. Une raison supplémentaire pour encourager les inscriptions dès le plus jeune âge.
Les hommes sont également convoités. Les femmes peuvent bien sûr donner mais elles développent des anticorps lors des grossesses ce qui complexifie la bonne tolérance du greffon.
Comment devenir donneur de moelle osseuse ?
Devenir donneur de moelle osseuse est simple et accessible. Les candidats doivent être âgés de 18 à 35 ans et être en bonne santé. En s’inscrivant sur le site Dondemoelleosseuse.fr, ils répondent à un questionnaire médical. Un échantillon salivaire, envoyé par courrier, permet ensuite de déterminer leur « carte d’identité biologique ». Celle-ci est comparée à celle des patients pour trouver une compatibilité.
Les volontaires s’engagent sur le long terme. Ils sont appelés en moyenne 8 ans après leur inscription. Il faut également savoir qu’il s’écoule généralement entre un et trois mois entre la prise de contact et la réalisation du don. Ce temps permet d’effectuer des examens complémentaires mais offre aussi la possibilité à chacun de se préparer et de s’organiser.
Enfin, le don est anonyme. Le donneur ne peut pas connaître l’identité du malade et vice-versa.
© CIEM / Léa Vandeputte