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Traitements contre l’obésité : comment en tirer pleinement parti ?

L’intérêt pour les nouveaux médicaments contre l’obésité ne faiblit pas. Les analogues du GLP-1 entraînent une perte de poids importante. Mais pour des résultats durables, un suivi nutritionnel et un changement des habitudes de vie restent essentiels.

Les analogues du GLP-1 (glucagon-like peptide 1) permettent une réduction de poids de 5 % à 18 % dans les essais cliniques. Mais les résultats sont plus modestes en vie réelle, rapporte une étude(1) avec une perte moyenne de 8,7 % à un an sous sémaglutide ou tirzépatide, alors que les participants de l’essai clinique Step 1 atteignaient 14,9 % (avec le sémaglutide) et jusqu’à 20,9 % dans Surmount-1 (avec le tirzépatide). Les gains sur les plans métabolique, fonctionnel et cardiovasculaire déçoivent aussi. Pourquoi ? Principalement du fait de posologies plus faibles et d’une observance qui s’effrite avec le temps, liée aux effets gastro-intestinaux (nausées, diarrhées, vomissements, constipation et douleurs abdominales).

Il ne suffit pas de prendre un médicament !

En effet, si les bénéfices cliniques de ces traitements pour réduire le poids corporel sont bien établis, plusieurs limites persistent : effets secondaires digestifs, carences en vitamines et minéraux liées à la restriction calorique, fonte musculaire (sarcopénie) et osseuse, faible observance à long terme. Ainsi, près de 20 % des patients ont interrompu le traitement de manière précoce dans cette dernière étude(1). Notamment, la perte musculaire est une préoccupation : dans un régime amaigrissant classique, environ 25 % du poids perdu correspond à de la masse maigre (muscle, tissus, fluides). C’est jusqu’à 40 % sous sémaglutide !
Pour renforcer l’efficacité des analogues du GLP-1 dans le traitement de l’obésité, quatre sociétés savantes américaines viennent de formuler huit priorités nutritionnelles(2). Les recommandations françaises, imminentes, ne devraient pas varier sur le fond. Plusieurs études l’ont démontré : une prise en charge structurée de l’alimentation et du mode de vie augmente les bénéfices de ces médicaments . La perte de masse grasse est plus marquée, avec un maintien du poids après l’arrêt du traitement.

Les experts identifient ainsi huit leviers nutritionnels pour renforcer l’efficacité des traitements par analogues du GLP-1(2). Le point de départ repose sur une évaluation nutritionnelle approfondie. La prise en charge doit intégrer la prévention des effets indésirables gastro-intestinaux (généralement ils sont temporaires et liés à l’adaptation de l’organisme à la molécule et aux posologies croissantes, soulagés par l’utilisation d’anti-nauséeux ou encore d’antidiarrhéiques), une alimentation personnalisée, peu transformée et dense en nutriments, ainsi qu’une vigilance face au risque de carences (supplémentations…). Le maintien d’un apport protéique suffisant (au moins 60 g de protéines par jour) et d’un entraînement musculaire régulier (exercices physiques d’aérobie et de renforcement) permet d’éviter la sarcopénie et de préserver la densité osseuse.

En pratique, « le patient devrait idéalement être revu en consultation à 3, 6 et 12 mois par le prescripteur initial ou le médecin généraliste, explique le Pr Emmanuel Disse, chef du service d’Endocrinologie-Diabète-Nutrition à l’Hôpital Lyon Sud. Un bilan biologique doit être réalisé de manière trimestrielle (albumine, numération formule sanguine, ionogramme, créatinine, bilan hépatique), avec éventuellement un dosage des vitamines (B12, B1 en cas de vomissements) ». Attention, une perte de poids de 10 % à 3 mois ou de 20 % à 6 mois est considérée comme un facteur de risque de carences. « À 12 mois, ajoute-t-il, le poids est stabilisé : le médecin doit rappeler au patient la nécessité de poursuivre le traitement à long terme pour préserver le bénéfice obtenu et organiser un suivi, par exemple avec une consultation tous les 6 mois. »

La qualité du sommeil, de la vie sociale et la gestion du stress conditionnent aussi les résultats pondéraux sur le long terme. 

Hélène Joubert

(1) Gasoyan H, Butsch WS, Schulte R, et al. Obesity. 2025 Jun 10. 

(2) Mozaffarian D, Agarwal M, Aggarwal M, et al. Obesity. 2025 May 30.